Les ministres des pays arabes sont invités au Qatar pour participer au 24e sommet de la Ligue arabe prévu à Doha le 26 et 27 mars prochain. Même si l'ordre du jour concerne plusieurs sujets d'actualité, le pays organisateur tente de forcer la main aux pays arabes de reconnaître la coalition de l'opposition, pour redevenir membre de la Ligue arabe en remplacement du représentant officiel du pouvoir de Bachar al-Assad. La Syrie a été suspendue de la Ligue arabe depuis le 16 novembre 2012 et elle n'est plus représentée au niveau de cette organisation. Au cours de la dernière réunion de la Ligue arabe tenue au Caire, il a été demandé aux pays arabes de retirer leurs diplomates de Damas et de renvoyer les ambassadeurs qui représentent le régime de Bachar Al-Assad. Si la majorité des pays arabes ont répondu par l'affirmative à la demande du ministre du Qatar et du secrétaire de la Ligue arabe, l'Algérie, le Liban et l'Irak ont émis des réserves à ce sujet. La Liban a proposé à ce que la Ligue arabe revienne sur sa décision en acceptant le retour du représentant syrien. L'Algérie a été plus claire, indiquant qu'il fallait laisser le choix à chaque pays d'en décider en toute souveraineté à ce sujet. La décision des trois pays et notamment de l'Algérie n'a pas plu aux dirigeants qataris qui tentent de mettre main basse sur la Ligue arabe. Des prises de bec et des chamailleries ont opposé à plusieurs reprises, le ministre des Affaires étrangère du Qatar et les diplomates algériens au niveau de la Ligue arabe. Même lors de l'intervention militaire en Libye, l'Algérie et le Liban étaient les seuls pays à contrarier la décision du Qatar et de la Ligue arabe. A l'époque et malgré l'opposition de l'Algérie et du Liban, le dossier libyen avait été déposé devant le Conseil de sécurité. La résolution de l'ONU qui parlait uniquement de mettre en place une zone d'exclusion aérienne sur la Libye a été détournée de sa vocation par l'Otan, qui a anéanti l'armée libyenne. Le Qatar qui, par le biais du dit «printemps arabe » a été à l'origine des renversements des régimes en Tunisie, Libye, Yémen et Egypte, n'a pas réussi cette fois-ci de faire tomber le pouvoir syrien. En dépit des milliers de mercenaires et de combattants islamistes recrutés par le Qatar et l'Arabie Saoudite et envoyés en Syrie, l'armée de Bachar Al-Assad tient toujours bon et n'est pour autant battue. Ainsi, contrairement aux autres pays arabes évoqués plus haut, l'armée syrienne soutenue par l'Iran et par le Hezbollah a tenu tête depuis plus de deux ans de combat. Malgré les milliers de morts, Bachar Al-Assad n'a pas l'intention d'emprunter le chemin de Ben Ali, Moubarak ou de Ali Abdallah Salah. Cet état de fait n'a pas été apprécié par Doha qui multiplie ses efforts pour une éventuelle intervention militaire étrangère en Syrie. Malheureusement pour le Qatar, la Russie et la Chine s'opposent par leur veto, affirmant qu'ils ne laisseraient pas se produire un autre scénario à la Libyenne en Syrie. Hier, les 27 pays européens ont rejeté une proposition de la France et de la Grande-Bretagne visant à lever le blocus sur la livraison d'armes aux rebelles syriens. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a critiqué Londres et Paris pour avoir rouvert le débat sur la nécessité de la levée de l'embargo sur la fourniture d'armes aux forces de l'opposition syrienne.»Des livraisons d'armes à l'opposition entraîneront d'autres livraisons d'armes au régime d'Assad par d'autres pays. Par conséquent, ce serait mieux d'avoir une position commune», a-t-il ajouté. Même les politiciens des deux pays à savoir la Grande-Bretagne et la France, rejettent catégoriquement la livraison d'armes aux rebelles syriens. «Nous n'allons pas encore refaire la même erreur de la Libye lorsque des armes ont été livrées aux rebelles libyens avant que les mêmes armes ne tombent aux mains des groupes terroristes au Sahel», ont-ils indiqué. En somme, le Qatar ne baisse pas les bras et tente encore de forcer la main aux pays arabes d'accepter l'opposition syrienne en tant que membre permanent de la Ligue arabe. En raison du «forçing» imposé par le Qatar sur les pays membres de la Ligue arabe, le sommet de cette organisation prévu à Doha le 26 et 27 mars risque de se terminer en queue de poisson. Nous y reviendrons.