Mohamed Salem Ould Essalek, ministre des Affaires étrangères du Sahara occidental, a expressément accusé, hier, les services secrets marocains d'avoir créé le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Le diplomate sahraoui n'a pas hésité à dire que «les diplomates algériens enlevés en avril 2012 à Gao (Nord-Mali), et jusqu'à présent non encore libérés, ont été kidnappés sur ordre du makhzen marocain.» Intervenant lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'ambassade de la République sahraouie à Alger, Ould Salek a été catégorique. Outre le kidnapping des diplomates algériens, le Maroc a ordonné au Mujao d'enlever les trois humanitaires espagnols en visite en 2011 au camp Rabouni (près de Tindouf). Sur un autre point, le ministre sahraoui affirme que «les services secrets marocains veulent inonder l'Afrique du Nord en grande quantité de drogues.» Pour lui, «la drogue et le terrorisme sont pour le Maroc la face d'une même pièce.» «Le Mujao a été fabriqué par le Maroc pour être le vecteur d'instabilité et de nuisance contre l'Algérie et le Sahara occidental», soutient-il. Dans la foulée, Ould Salek indique que «les chefs du Mujao résident actuellement à Rabat et détiennent des passeports diplomatiques pour pouvoir se déplacer librement à l'étranger, notamment à Bamako, ville dans laquelle l'ambassade marocaine est devenue depuis 2006 le quartier général du Mujao.» «Avec l'argent de la drogue, le Maroc arrive à acheter le silence de plusieurs pays, afin de continuer à violer les aspirations à la liberté du peuple sahraoui», accuse Ould Salek. Et de poursuivre : «Aujourd'hui, le Mujao est utilisé par le Maroc comme le médiateur entre les groupes terroristes et certains pays européens pour négocier la rançon contre la libération d'otages.» Et d'ajouter : «Son gouvernement et le Polisario condamnent fermement ces pratiques criminelles, qui sont chapeautées par des officiers des services secrets marocains, par la gendarmerie, la police et l'armée du makhzen.»«Ces officiers, poursuit-il, utilisent même des petits avions pour transporter la drogue vers l'Europe.» Par ailleurs, Mohamed Ould Salek indique que son gouvernement continue à s'entretenir avec l'émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui est actuellement dans la région, et dont la visite prendra fin le 3 avril. Mais selon le conférencier, «Ross ne peut pas s'acquitter de sa mission tant que la France maintient son soutien au Maroc et à poursuivre la politique de deux poids, deux mesures.» A titre d'exemple, présente-t-il, «les agents de l'ordre marocains ont réprimé la semaine écoulée une manifestation organisée par des militants sahraouis, qui revendiquent plus de droits, plus de liberté et l'indépendance». «Cette répression a été approuvée par les alliés du Maroc», regrette-t-il.