Les prix du pétrole ouvraient, hier, sur des tendances divergentes, les échanges européens et américains, dans un marché fébrile toujours en proie aux inquiétudes en zone euro après le plan de sauvetage de la Chypre, et ce, avant les chiffres hebdomadaires sur les stocks américains de brut. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 109,60 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, gagnant 24 cents par rapport à la clôture de mardi. En revanche, dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait du terrain, cédant 57 cents à 95,77 dollars. «Alors que le WTI semblait bien parti (après trois séances en nette hausse) pour retrouver bientôt le niveau des 98 dollars le baril atteint en janvier, le marché a trébuché devant des signaux décevants» sur la demande de brut américaine, relevaient les analystes. Ainsi, les stocks de brut aux Etats-Unis avaient enregistré une forte hausse de 3,7 millions de barils la semaine dernière, tandis que les réserves de Cushing, le plus gros terminal pétrolier du pays, se sont à nouveau gonflées après des semaines de repli, résumaient les analystes. Selon eux, le DOE devrait faire état d'une progression bien plus modeste de 700 000 barils seulement des stocks américains de brut sur la semaine écoulée. Ces stocks avaient enregistré un recul inattendu la semaine précédente, après avoir gonflé d'environ 23 millions de barils en deux mois, ce qui avait alimenté les inquiétudes sur la surabondance de l'or noir aux Etats-Unis et plombé le cours du WTI. Par ailleurs, le marché se montrait prudent après des indicateurs mitigés publiés la veille aux USA. «Les ventes de maisons neuves en février ont chuté et la confiance des ménages a rechuté (en mars), ce qui montre que le chemin de la reprise économique reste des plus cahoteux», soulignait-on. Alors que les investisseurs redoutent de voir ce plan réitéré dans d'autres économies fragiles de la zone euro, tout en s'inquiétant par ailleurs de la fermeture prolongée des banques chypriotes (qui ne rouvriront, au mieux, qu'aujourd'hui), l'euro a poursuivi sa glissade hier, tombant sous le 1,28 dollar pour la première fois en quatre mois. Or, le renchérissement du dollar face à un euro sous pression contribue à pénaliser les achats de matières premières libellées dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.