B.M., un homme de 33 ans, marié et père de trois petits enfants, a échappé miraculeusement à une mort certaine alors qu'il tentait de mettre fin à ses jours, la semaine dernière, par immolation dans son village à Mechraa- Sfa (ex-Prévost Paradol), 26 km à l'ouest de Tiaret. B.M. qui a vu son nom retiré de la liste des bénéficiaires de logements sociaux après recours introduit contre sa personne par certains de ses concitoyens, a vite fait de prendre une décision qui lui allait être fatale n'eut été l'intervention de passants. L'un de ces derniers a d'ailleurs, au prix d'un spectaculaire acte de bravoure, soustrait le malheureux en éjectant de ses mains le briquet qu'il s'apprêtait à faire craquer sur son corps imbibé d'essence. La victime a été quand même évacuée par des éléments de la protection civile vers les UMC de l'hôpital Youssef Damerdji du chef-lieu étant donné qu'il avait ingurgité une quantité non négligeable d'essence. Jeudi dernier, deux vendeurs de fruits et légumes, des jerricans et des bouteilles d'essence à la main, voulaient s'immoler parce que les policiers les ont dissuadés de déposer leurs étalages sur le trottoir, provoquant une grande cohue au niveau du lieudit la Gare. Des cas de suicide, on peut en parler à satiété mais le phénomène inquiète. Une émission radiophonique publique a eu lieu jeudi après-midi au niveau de la maison de jeunes «ex-Lombard». Imam, psychologues, des cadres de la Sûreté nationale, médecin-légiste, représentants du mouvement associatif autour de l'animateur ont voulu décortiquer le sujet mais apparemment tout le monde est resté sur sa faim en dépit du discours, par trop religieux, dispensé ce jour-là devant une salle subitement vidée de jeunes garçons. Apparemment, les discours rébarbatifs et à huis clos n'ont pas eu l'effet escompté mais le mérite est de susciter un tel sujet qui commence à prendre de l'ampleur. Si d'un point de vue religieux, l'on semble trop insister sur la foi, d'autres intervenants lient le suicide à l'échec scolaire, l'isolement social, l'atteinte par une pathologie incurable, la dépression, relations tendues avec l'autre, la dislocation familiale et d'autres causes difficiles à cerner. Un psychologue de la Sûreté nationale évoque, lui, «le suicide publicitaire» où le suicidé joue avec la mort. Certains évoquent «un phénomène importé via les chaînes satellitaires». Au-delà des actes et des définitions, souvent farfelues sur le plan statistique, docteur Nahar, médecin légiste de l'hôpital de Tiaret, parle de 18 tentatives de suicide en 2012 enregistrées par le service nonobstant les victimes évacuées vers d'autres centres de santé. De 2008 à 2012, la courbe est presque constante puisque ça oscille entre 10 et 18 cas. Les plus spectaculaires et violents restent ces cas de suicide par immolation dont on a rapporté les faits.