Selon Mohamed Zougar, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, le taux de prévalence de la consommation est de 1,15%. La grande majorité des drogués vivent dans des cités-dortoirs construites au cours de ces 15 dernières années. Les personnes âgées de 20 à 39 ans sont les plus accros à ce «venin» qui détruit les fondements de la société algérienne. La drogue se consomme normalement en Algérie. Ce «poison», officiellement interdit de vente et de consommation, circule facilement en grandes quantités dans notre pays. Milieu scolaire, prison, foyer familial, cité, rue et milieu du travail, la drogue est partout. Les jeunes restent les plus accros à ce venin qui frappe de plein fouet les fondements de notre société. Des adolescents ne se gênent plus pour rouler un joint au vu et au su de tout le monde. Les autorités publiques et l'autorité familiale font défaut. Les associations et les spécialistes sonnent le tocsin et mettent en garde contre la banalisation de son usage. Une consommation qui constitue avant tout un sérieux problème de santé publique. Physique et mentale. Les saisies record de différents types de drogue effectuées par les services de sécurité, dont les plus importantes concernent le cannabis, donnent des frissons. Les services de sécurité ont déjoué des tentatives de transit de ces poisons vers les pays de l'Union européenne ou le Moyen-Orient, ou encore vers les pays voisins comme la Tunisie et la Libye. Mais que deviennent les quantités destinées au marché local ? Celles saisies sur de jeunes délinquants pris en flagrant délit de consommation ou de commercialisation renseignent sur l'ampleur d'un phénomène qui reste encore à quantifier. Est-on au rouge concernant la consommation des stupéfiants ? L'Algérie est-elle uniquement un pays de transit ? L'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie ne veut pas verser dans l'alarmisme et s'est basé sur les critères et paramètres de l'Organisation des Nations unies pour la lutte contre la drogue et la criminalité (ONUDC). Son directeur général, M. Zougar, affirme que le taux de prévalence de consommation est de 1,15%. Ce chiffre est tiré sur la base d'une enquête épidémiologique récente sur 9240 ménages, à savoir 48 708 personnes enquêtées, dont 44 387 (90,9%) vivent en zone urbaine. Cette enquête a permis de constater que la tranche d'âge des 20/39 ans est la plus concernée par ce fléau, suivie des plus de 40 ans. L'adolescent de 16/19 ans ne vient qu'en troisième position. Les 12/15 ans semblent être moins concernés. Les moyens utilisés dans cette enquête et les paramètres sont ceux exigés par l'ONUDC. Dans ce sens, M. Zougar reste peu convaincu des chiffres «avancés ça et là» par certaines parties, faisant état de consommation effrénée de drogue, notamment en milieu scolaire. «Il faut certes s'alarmer, même s'il y a un seul consommateur, mais il ne faut pas quantifier anarchiquement le phénomène, car il y a des standards pour confirmer ou infirmer l'existence ou non de cette ampleur», a-t-il expliqué à El Watan. L'ONLCDT prend au sérieux toutes les inquiétudes exprimées. Il a d'ailleurs procédé avec le ministère de l'Education nationale à une enquête pour établir un diagnostic répondant aux critères scientifiques et aux paramètres de l'ONUDC concernant la toxicomanie, ou la commercialisation de la drogue en milieu scolaire, ce qui permettra d'avoir une vision nette de l'étendue de ce fléau. Certes, les associations qui avancent des chiffres alarmants font leur travail de sensibilisation pour attirer l'attention, mais personne n'a réalisé un travail élaboré sur le fléau en milieu scolaire. L'enquête lancée par l'Office sera réalisée avec la collaboration de 17 départements. «L'office n'est pas isolé du reste de la société», soutient M. Zougar, qui explique que c'est cet organisme qui participe à l'élaboration de la stratégie de lutte contre la circulation et la consommation des drogues. Il y a des résolutions des organisations internationales, dont l'Algérie a ratifié les chartes et les conventions portant sur la lutte contre ce phénomène. Chaque pays doit s'y conformer. 15 centres de désintoxication L'Office qui participe à l'élaboration de la stratégie de lutte prend en charge aussi les personnes toxicomanes. Pour leur prise en charge à travers le pays, 15 centres de désintoxication créés par le ministère de la Santé sont mis à la disposition des spécialistes. Il existe, selon le même responsable, 53 centres intermédiaires dotés de services spécialisés et d'un staff médical qualifiés pour la même mission. Selon l'office, 12 302 personnes ont consulté ces services. En 2011, 13 743 personnesont ont frappé à la porte de ces services pour être pris en charge pour toxicomanie.