L'Algérie durcit le ton dans la lutte contre la toxicomanie. A l'heure où ce fléau prend des proportions alarmantes, les pouvoirs publics viennent de charger le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CNEAPD) de réaliser une enquête épidémiologique nationale sur la prévalence de la drogue. C'est le directeur de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), M. Abdelmalek Sayeh, qui a confirmé, hier, cette information à l'APS. «Le CNEAPD a été chargé de réaliser cette enquête, à la demande de l'ONLDT, afin de connaître l'ampleur de ce phénomène et élaborer une politique nationale globale de lutte contre ce fléau», a indiqué Abdelmalek Sayeh. Par ailleurs, cette enquête nationale, qui a bénéficié d'une enveloppe financière de plus de 17 millions de dinars, «sera lancée prochainement au niveau de 48 wilayas et sera réalisée d'ici le mois d'octobre prochain», a précisé le premier responsable de l'ONLDT. Ainsi, un échantillon de 10 000 foyers et de 40 000 jeunes sera couvert par cette enquête qui concernera toutes les couches et catégories de la société et ce, afin d'avoir «une vision approfondie sur l'état d'extension de ce fléau». Plus précisément, l'enquête du CNEAPDconcernera les tranches d'âge de 12 à 15 ans, de 15 à 20 ans, de 20 à 40 ans, ainsi que la tranche de plus de 40 ans et sera réalisée sur la base de questionnaires individuels. Ce qui permettra, explique encore Abdelmalek Sayeh, d'évaluer l'ampleur de la propagation et l'usage des drogues, ainsi que la connaissance du phénomène sur le terrain, particulièrement en milieu scolaire et universitaire. L'objectif affiché par l'ONLDT à travers cette enquête est d'élaborer une «cartographie sur l'ampleur du phénomène et cernera le genre de drogues consommées et la catégorie des consommateurs». Sur un autre chapitre, des observateurs avertis relèvent que l'enquête du CNEAPD survient dans une conjoncture où la consommation de la drogue et l'usage des psychotropes font peser une menace sérieuse sur la santé morale et physique ainsi que sur la cohésion de toute la population algérienne, notamment les jeunes. A ce propos, le dernier bilan des saisies de toutes sortes de drogues pour l'année 2008, rendu public hier par l'ONLDT, fait terriblement froid dans le dos. Et pour cause, on nous apprend que plus de 38 tonnes de résine de cannabis ont été saisies durant l'année 2008 en Algérie. Pas moins de 924 398 comprimés de substance psychotrope ont été également saisis par les services de lutte contre la drogue. D'autre part, il est à signaler que le bilan de 2008, communiqué hier à l'APS par Abdelmalek Sayeh, fait ressortir aussi que 716,418 grammes de cocaïne, 67 grammes de crack, 109,57 grammes d'héroïne ainsi que 15,0223 kg de pavot à opium et 77 612 plants d'opium ont été saisis. Sur un autre plan, l'ensemble des services de lutte contre la drogue ont eu à traiter 7 358 affaires. 1 974 d'entre elles sont liées au trafic et à la commercialisation de la drogue, dont 1 561 à celui de la résine de cannabis et d'opium. Pour ce qui est des personnes impliquées dans ces affaires, il est indiqué que les investigations menées par les services concernés ont abouti à l'interpellation de 10 954 individus. «Sur ces 10 954 individus interpellés, on dénombre notamment 3 003 trafiquants, 7 046 usagers de résine de cannabis et d'opium, 485 trafiquants et 298 usagers de substances psychotropes, ainsi que 69 cultivateurs de cannabis et d'opium», a précisé dans ce sillage le directeur général de l'ONLDT. «Parmi les personnes interpellées, on a recensé 121 étrangers, dont notamment 23 Nigérians, 15 Maliens, 12 Nigériens, 11 Marocains, 5 Français, 1 Tunisien et d'autres dont la nationalité n'a pas été précisée», a-t-il ajouté. Et jusqu'à aujourd'hui, signale-t-on, 305 personnes impliquées font encore l'objet d'actives recherches. Enfin, en ce qui concerne la prise en charge des toxicomanes, il est à noter que 23 093 consultations ont été effectuées et que 5 936 personnes ont été hospitalisées au cours de l'année 2008. Et en attendant la mise en place de la politique nationale (2009-2013) de prévention et de lutte contre la drogue, qui est en cours d'élaboration, 53 centres intermédiaires de soins au profit des toxicomanes et 15 centres spécialisés en désintoxication en milieu hospitalier ainsi que 185 cellules d'écoute et d'orientation regroupant un personnel médical pluridisciplinaire sont en cours de réalisation pour préserver la jeunesse algérienne, véritable capital pour l'avenir du pays, du fléau de la toxicomanie et de ses ravages irrémédiables. A. S.