C'est un homme qui fut, à lui seul, un livre de courage et d'engagement patriotique. Ce dont il ne s'en vantera jamais. Nous évoquions le moudjahid Felkaoui El Khemissi, dit Si Belkhane, ou encore «105 sans recul», qui nous a quittés, ou a surtout quitté son Algérie, le 13 mars 2013, à 99 ans. Il a tiré sa révérence comme il a vécu : dans l'humilité et la discrétion absolues. Né en 1914 à Aïn Hassaïnia, -dans la wilaya de Guelma-, une date qui sonne déjà comme un oracle dans des lieux que hantera à jamais l'histoire, il adhère, dès les années 1940, au PPA puis au MTLD, sous l'influence des ténors du PPA : Abdelkader Herga, Ahmed Djelloul et Amar boudjerida. Pour lui, l'on ne saurait hésiter devant le devoir, celui de faire émerger un peuple de sa condition de sous-hommes, meurtris par un colonialisme abject. Si Belkhane n'était ni savant ni érudit, mais possédait, d'après tous ceux qui le côtoyèrent, une culture orale impressionnante. Il participe donc tout naturellement à la préparation du 8 mai 1945, ce qui lui vaut d'être activement recherché par les services de sécurité français de l'époque. Il vivra dans la clandestinité jusqu'au déclenchement de la révolution, où il servira sous l'autorité du moudjahid Amar Benaouda, qui le nomme, le 14 décembre 1954, premier chef de groupe de l'ALN à Hammam Ouled Ali (Guelma). Pour la préparation du 20 août 1955, il sert, selon le témoignage de Brahim Chibout, -ancien ministre des Moudjahidine-, de guide à Amara Bouglez (qui deviendra plus tard colonel de la base de l'Est), pour assister au congrès de Zaman (Skikda) sous l'égide de Zighout Youcef. A la zone IV (Annaba) ses compagnons furent Tahar Bouderbala, Hachemi Hadjres, Mohamed Ataïlia, Hebhoub et Rachedi (l'Edough). Il sera muté à la zone III (Skikda, Collo, Azzaba, une partie de Guelma et Oued Zenati), où il eut comme compagnons Zighoud Youcef, Cheikh Boulares, Salah Saout El Arab, Abdelmadjid Kahleras, Rabah Beloucif, Ali Mendjeli (avec qui il entretient une longue amitié après l'Indépendance), Brahim Chibout et Saïd Hamrouche. Dix-sept (17) ans de combat et de résistance ! Une fois le devoir accompli, il choisira de vivre retiré. Le même sens du devoir le fait pourtant reprendre du service durant la décennie noire, dès lors qu'il réalise que la patrie est de nouveau menacée.