Lakhdar Bentobal, un des dirigeants historiques du Mouvement national, décédé samedi dernier à l'âge de 87 ans, est considéré par ses compagnons d'armes comme "l'un des géants de la Révolution". Approchés par l'APS lors de l'inhumation du défunt au cimetière d'El-Alia lundi après-midi, ses compagnons ont tous relevé "l'intelligence et le courage" qui caractérisaient l'homme". M. Lamine Khan, moudjahid et ancien ministre, a estimé que le défunt était "un des piliers" de la Révolution. "Je garde de lui le souvenir d'une personne aux positions honorables et humaines", a-t-il dit. De son côté, l'ancien chef de gouvernement, M. Réda Malek, qui a pris part aux cotés du défunt aux accords d'Evian, se rappelle de lui comme d'un "grand homme plein d'esprit et d'humour". "Je l'avais connu à l'occasion des négociations d'Evian où il avait impressionné les Français par son calme, son esprit d'à-propos et aussi son courage moral", a ajouté M. Malek. Son ancien compagnon à la wilaya-2 et ancien ministre des Moudjahidine, M. Brahim Chibout, a affirmé que cet historique s'est distingué pendant la Révolution par "une force morale peu commune chez un jeune de son âge". "Bentobal s'était entraîné à l'organisation spéciale (OS) où il s'était imprégné des techniques de la guérilla, arme des peuples opprimés face aux puissances coloniales", a-t-il souligné. Pour M. Chibout, le défunt avait un pouvoir de persuasion "extraordinaire" du fait de son charisme mais aussi et surtout de l'amour qu'il portait à l'Algérie et de son dévouement à la cause nationale. Athmane Belouizdad, qui a fait partie du "groupe des 22", a insisté sur le caractère "déterminé" de Bentobal qui n'avait jamais douté un seul instant de l'issue du combat pour l'indépendance de l'Algérie. "Sa forte conviction nous galvanisait et nous motivait à aller de l'avant", a encore témoigné M. Belouizdad. La dépouille du moudjahid Bentobal inhumée au cimetière d'El Alia ALGER - Le moudjahid Lakhdar Bentobal, décédé samedi à l'âge de 87 ans, a été inhumé lundi après-midi à Alger au cimetière d'El-Alia (Carré des martyrs). Les obsèques se sont déroulées en présence du président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, du président de l'Assemblée populaire nationale, M. Abdelaziz Ziari, du Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, du président du Conseil constitutionnel, M. Boualem Bessaih, et de membres du gouvernement. De hauts cadres de l'Etat, des personnalités nationales, des compagnons d'armes du défunt, les membres de sa famille et de nombreux citoyens étaient également présents pour lui rendre un dernier hommage et accompagner la dépouille de l'un des dirigeants historiques de la Révolution à sa dernière demeure. Dans l'oraison funèbre qu'il a lue en cette douloureuse circonstance, le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Cherif Abbes, a insisté dans son témoignage sur les qualités humaines et les valeurs morales du défunt, qu'il a qualifié de "véritable exemple de patriotisme et de militantisme pour les générations passées et futures". "Il était un militant, un djoundi et un politique affable aimé de ses compagnons du fait de son humilité, mais aussi un homme qui ne badinait pas avec ses principes", a ajouté le ministre, soulignant aussi "l'intelligence de Bentobal et son sens de la responsabilité". "Si Lakhdar a été une référence pour sa sagesse et sa perspicacité à travers son parcours de militant au sein du Mouvement national", a encore témoigné M. Cherif Abbes qui a souhaité voir les mémoires, que le défunt s'était attelé à écrire de son vivant, être publiées. Né à Mila en 1923, le défunt s'est engagé dans l'activité politique en tant que militant au sein du Parti du peuple algérien (PPA). Après la seconde guerre mondiale, il rejoignit l'organisation spéciale (OS) où il occupa plusieurs postes de responsabilité et entama la préparation des opérations dans le Nord Constantinois. Après la dissolution de l'OS en 1950, son nom fut intégré dans la liste des personnes recherchées par la police française. Il adhéra au groupe des 22 et au lendemain du déclenchement de la Révolution, et fut nommé chef de la région de Jijel, Ettahir, Al-Milia et Constantine. Il assista en compagnie de Zighoud Youcef représentant du Nord Constantinois au congrès de la Soummam. Il a été également membre suppléant au Conseil national de la Révolution en remplacement du martyr Zighoud Youcef en 1956. Il a été désigné ministre de l'Intérieur du premier gouvernement provisoire de la République algérienne pour deux mandats consécutifs puis désigné en 1961, ministre d'Etat. Feu Bentobal a participé au deuxième round des négociations d'Evian.