Au fil des jours, les éléments pour une «présidentielle assistée» se mettent en place à une année de l'échéance électorale. Assistée serait, en effet, le mot le plus approprié pour désigner le «choix» qu'auront à faire les Algériens entre un président de la République sortant qui briguerait un quatrième mandat ou, au mieux, entre le «moins mauvais» et les autres, tant cette élection s'annonce d'ores et déjà aussi fermée que celles qui l'ont précédée. Un choix qui n'aura rien, ou si peu, à voir avec la démocratie, aussi longtemps que la rupture avec le système politique actuel et l'autoritarisme qui le caractérise n'aura pas été faite. Une fois encore, les promesses de réformes politiques porteuses de changements, annoncées en avril 2011 par Abdelaziz Bouteflika, ont eu, pour celles déjà promulguées sous forme de lois, l'effet d'un pétard mouillé. Quant aux changements majeurs attendus, ils tardent à venir et pourraient connaître le même effet auprès de l'opinion publique déçue et démoralisée par les scandales de corruption, l'affaire Sonatrach 1, 2 et peut-être 3, après celle de l'autoroute Est-Ouest. Scandales qui éclaboussent l'entourage proche du président de la République et que rien ne peut faire oublier, pas même les appels de certains chefs de parti d'une opposition qui semble s'accommoder plus que de raison du pouvoir politique en n'écartant pas l'éventualité d'un quatrième mandat pour Bouteflika, à l'instar de Amara Benyounès ou de Amar Ghoul, leader d'une coalition islamiste «maison» et ministre des Travaux publics dont de hauts responsables sont impliqués dans l'affaire dite de l'autoroute Est-Ouest. Ce conditionnement de l'opinion ne se limite pas uniquement à la sphère politique, où se recrutent les thuriféraires du régime actuel, mais aussi dans les médias lourds, comme on a pu le constater avec l'autorisation et l'accréditation accordées aux chaînes de télé «offshore» qui pourront désormais diffuser à partir d'Alger. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner le rôle de faire-valoir qu'elles auront à jouer, au profit du régime actuel, du maintien du statu quo, loin de toute velléité de rupture avec un système autoritaire suranné. Et surtout au regard du marasme dans lequel sont plongés le FLN et le RND, privés depuis des mois de chefs alors qu'ils représentent virtuellement ce qui reste de la coalition présidentielle. Le contexte qui se présente ainsi aux Algériens à une année de la présidentielle n'augure pour l'instant rien de bon en faveur d'un changement salutaire, d'une rupture avec les pratiques de pouvoir qui ont prévalu jusqu'à présent.