Décidément, chez nous, les scandales financiers se suivent et se ressemblent. Après «l'affaire de l'autoroute Est-Ouest», celle de Sonatrach 1, largement suivie par les médias, son prolongement avec Sonatrach 2 qui attire actuellement l'attention de l'opinion publique va-t-il lui aussi connaître le même sort ? C'est-à-dire se perdre quelque part entre la Cour suprême et les méandres de la juridiction algérienne. Pour l'instant, si l'on s'en tient au communiqué du procureur général d'Alger qui a tenu le 10 février dernier à «informer l'opinion publique» – fait rarissime sous nos cieux – que le parquet avait requis le juge d'instruction en charge du dossier d'élargir le champ des investigations suite aux faits nouveaux rapportés par la presse nationale et les journaux étrangers. Plusieurs personnalités seraient donc impliquées, dont d'anciens ministres, comme Chakib Khelil et Mohamed Bedjaoui, présentés comme des hommes de Bouteflika, des responsables de Sonatrach ainsi que leurs proches, fils, neveu, etc. Une véritable camarilla constituée comme jadis de favoris et intrigants entourant le Prince et qui, dans le cas présent de l'affaire dite «Sonatrach 2», serait à l'origine, selon des sources romaines, du versement de plus de 250 millions de dollars de pots-de-vin pour des contrats gaziers passés avec l'Italie par le biais d'entreprises comme Saipem ou ENI pour des montants de plus de 11 milliards de dollars. Si du côté italien, le gouvernement de Mario Monti, surnommé «Super Mario», est décidé en vue de sa réélection à en «découdre» avec la corruption, le tout dans un climat d'effervescence qui n'est pas sans rappeler la campagne milanaise anticorruption des années 1990, chez nous, pas une vague, pas le moindre remous dans le milieu politique, hormis la question d'un député au ministre de l'Energie et des Mines… Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu'elle restera sans réponse tant qu'on pourra lui opposer le secret de l'instruction. A moins qu'une fois de plus les langues viennent à se délier sur instruction «venue d'en haut» et que tout le monde se mette à parler et que la justice communique de manière aussi rarissime sur instruction probablement, tant cette fonction de s'adresser à l'opinion n'est pas encore entrée dans nos mœurs. Mais pour l'instant, le moment ne semble pas être choisi pour «forcer» les uns et les autres aux révélations et actionner la justice… Il faudra peut-être attendre l'approche de la présidentielle, les semaines qui précéderont la date de l'élection promettent d'être riches en rebondissements autour de ces scandales, surtout si Abdelaziz Bouteflika venait à briguer un quatrième mandat et devenir par là même «un super président»… L'omerta ne sera alors plus nécessaire et le silence dans le silence que l'on observe actuellement ne sera plus de mise, mais la recherche de la vérité n'ira pas, encore une fois, jusqu'au bout, une fois l'objectif de la réélection atteint. Mais l'opinion n'est pas dupe et ne peut être abusée indéfiniment par l'autoritarisme ambiant.