L'instruction de l'affaire Ali Mécili est toujours ouverte, selon Annie Mécili. En marge du recueillement annuel du 7 avril, au cimetière du Père Lachaise à Paris, en hommage à la mémoire de son défunt mari, la veuve Mécili a affirmé que «l'avocat de la famille suit énergiquement chaque détail dans le dossier et m'a assuré que l'instruction restera ouverte le temps qu'il faudra pour rétablir la justice». Celle qui mène le combat juridique, en tant que partie civile depuis 1987, est «plus que jamais persévérante» dans sa «quête de vérité» sur l'assassinat de son époux. «Je regrette toutefois le statu quo qui caractérise le dossier d'instruction depuis plusieurs mois déjà. Nous restons, malgré cela, confiants. A tout moment des éléments nouveaux peuvent intervenir positivement pour relancer cette affaire», espére-t-elle. De son côté, le député FFS, représentant de la communauté algérienne à l'étranger, Belkacem Amarouche, est venu spécialement d'Alger pour représenter son parti. «La direction du FFS, à sa tête le président du parti, Hocine Aït Ahmed, prend l'engagement d'utiliser tous les moyens nécessaires, juridiques et parlementaires, pour faire éclater la vérité et punir les responsables de cet assassinant abominable et de tous les assassinats politiques en Algérie», a-t-il déclaré. Quant à la cérémonie solennelle de recueillement, elle a été marquée par la présence de plusieurs amis, proches de Mécili et beaucoup de militants du FFS, parti cofondé par le regretté avocat. Dans un silence religieux de l'assistance, Mme Mécili a déploré «l'impunité dont bénéficient les assassins de Mécili depuis 26 ans». Avant d'ajouter : «Nous sommes toujours là, comme chaque année, pour dire à Ali que nous ne l'oublierons jamais. D'ailleurs, je tiens à vous passer les salutations de Hocine Aït Ahmed qui s'excuse de ne pas être parmi nous aujourd'hui. Il veut néanmoins marquer sa présence par une pensée profonde à la mémoire de son ami et compagnon de route Ali Mécili.» Après la veuve, l'hommage des orphelins. Les enfants d'Ali Mécili ont, en effet, rendu les honneurs à la rhétorique de leur père, en lui lisant deux textes. Ce sont plutôt deux lettres qui datent de 1970, en réponse à des lecteurs, suite à la publication, dans Le Monde, d'une contribution d'Ali Mécili, intitulée «La culture à sens unique». Dans cet article, il reprochait à la France colonialiste de vouloir nier l'existence d'une nation «en refusant de voir, d'entendre, de lire ce qui fait l'âme de l'Algérie d'aujourd'hui». Il répond d'abord à une lectrice, «l'Algérie, le Maghreb en général, ont été un carrefour de l'histoire où l'Orient et l'Occident se sont rencontrés. Massinissa, Jugurtha, Saint-Augustin symbolisent la personnalité du peuple berbère, dont je suis issu. L'islam a par la suite apporté une éthique de vie faite d'égalité, de justice sociale et de tolérance».Puis, dans une deuxième lettre, il interpelle un lecteur qui lui «reprocha de se mêler de la politique française». «Environ trente membres de ma famille sont morts en France ou sur des champs de bataille étrangers, pendant les deux guerres mondiales... Je crois que cela nous donne un tout petit peu le droit de nous mêler des affaires d'un pays qui s'est mêlé des nôtres (et de quelle façon!) pendant cent trente ans!», a-t-il donc répondu. Dans un esprit volontariste de défendre encore plus la liberté d'expression dans notre pays, feu Mécili précise dans le post-scriptum de cette lettre, datée du 21 septembre 1970 : «Je continue à lutter de toutes mes forces pour qu'il y ait en Algérie un équivalent du journal Le Monde. Peut-être y perdrai-je ma vie.» Ironie du sort, il sera assassiné quelques mois seulement après avoir lancé le journal Libre Algérie, en août 1986.