Dans le cadre de la commémoration du 25e anniversaire de l'assassinat d'Ali Mécili, quelques dizaines de militants et de sympathisants du Front des forces socialistes (FFS) ont rendu, hier à Paris, un hommage solennel à sa mémoire. «Il devait être quelqu'un qu'on n'est pas prêt d'oublier», a constaté une dame devant l'entrée principale du cimetière du Père Lachaise. Accompagnée de quelques membres de sa famille et des amis, Annie Mécili, veuve du défunt, a exprimé d'abord sa «satisfaction de retrouver chaque année les frères et les camarades de combat» de son défunt mari «toujours en lutte pour la démocratie et la justice». «Je tiens à dire que nous sommes, et pour toujours, en quête de vérité sur la mort d'Ali et nous ne nous rendrons jamais», a-t-elle ajouté. Faisant le parallèle avec le cinquantenaire des Accords d'Evian et de l'indépendance de l'Algérie, Mme Mécili a fait l'éloge du passé révolutionnaire de son époux. Dans un silence religieux, elle a lu quelques passages de la lettre envoyée par Ali Mécili à un ami italien depuis Tripoli, le 30 mai 1962 : «Dans un mois, notre pays retrouvera son indépendance et sa liberté. Dans trente jours donc, je serai de nouveau chez moi, en Algérie, parmi les miens.» Elle souligne : «Dans cette lettre il se réjouit devant son ami, qui lui a dit au début de son combat que 'la gazelle ne mangera pas le lion' en disant que 'nous avons mangé le lion, un lion plus que féroce et la gazelle retrouvera sa liberté'. Mais malheureusement la gazelle a rencontré d'autres lions tout aussi féroces et Ali a été assassiné pour s'être opposé à un pouvoir autoritaire qui avait confisqué les idéaux de la Révolution.» Après les hommages de son épouse, ceux de son compagnon d'armes puis de la lutte démocratique au sein du FFS, le message de Hocine Aït Ahmed a été lu aux présents devant la demeure éternelle d'Ali Mécili. «Comme certains d'entre vous, chaque année je me dis que c'est cette année que la présence d'Ali nous aurait été ô combien utile», ouvre d'emblée le président du FFS, en précisant : «Là ou des hommes vivent, souffrent et résistent de toutes les forces qu'ils arrivent à soustraire à la domination et à l'humiliation, l'esprit de Ali est là. C'est du moins ce que j'aime à croire quand son souvenir revient me hanter au travers de l'actualité brutale, inhumaine, dans ce spectacle de l'exploitation de la misère par ceux-là mêmes qui fabriquent la misère, y plongent les êtres, les encerclent de toutes parts, les poussent à l'innommable et finissent par s'en débarrasser comme de vulgaires parasite.» Un message qui peut renvoyer à l'affaire Merah ? Et d'appuyer sa colère en disant : «Ali me manque surtout quand la manipulation des horreurs me met en colère, surtout quand l'exploitation des drames vient, encore une fois mettre les 'damnés de la terre' en première ligne.» A cette occasion, il met encore une fois les pouvoirs français et algérien, qu'il a accusés plusieurs fois de complicité dans l'assassinat de Mécili, devant leur responsabilité : «Ali-André Mecili n'a pas été tué parce qu'il était Algérien, ni par ce qu'il était Kabyle, ni par ce qu'il était Français. Il a été tué par ce qu'il était tout cela dans le respect de principes humanistes et universalistes. Ali-André Mecili a été tué par la conjuration des barbouzes et des maquereaux contre le rapprochement des hommes au sein d'un même peuple et le rapprochement entre les peuples au sein d'un même monde.» Hocine Aït Ahmed aime à décrire les traits et combats de son ami en rappelant que «Ali rapprochait les gens. En retissant, entre les êtres, les liens que la domination sous son hideux visage colonial ou sous les traits de l'autoritarisme mafieux ou encore à travers les perfides manipulations barbouzardes, travaillait à rompre de manière à jeter les hommes comme des chiens les uns contre les autres. C'est pour cela qu'il a été tué». Il défend aussi l'idéal de son fervent défenseur qui, selon lui, voulait accomplir son devoir révolutionnaire et nationaliste en luttant contre une «caste qui n'aspirait qu'à mettre sous son joug ce peuple algérien» et «retisser les êtres pour faire échec aux systèmes». Envoyant un message politique fort à la fois aux militants et aux détracteurs du FFS, Aït Ahmed explique : «C'est parce que le FFS s'est inscrit dans une logique d'union nationale, de convergence démocratique, de lutte pacifique en Algérie et de rapprochement entre peuples français et algérien dans le respect et l'intérêt mutuels que Ali à été tué.» Et de conclure, en cette veille de commémoration de l'indépendance de l'Algérie : «La machine criminelle qui n'a jamais accepté que l'indépendance algérienne soit autre chose qu'une formalité administrative entre deux groupes d'intérêts illégitimes, a concouru à l'assassinat de Mecili et continue à polluer le climat politique en Algérie et en France.»