Avocat au barreau de Paris, membre fondateur du Front des forces socialistes (FFS) et militant acharné de la démocratie, Ali Mecili est assassiné devant l'entrée de son immeuble de trois balles dans la tête. 26 années sont passées depuis ce lâche assassinat et l'affaire Mecili demeure une plaie ouverte. Lorsqu'on ouvrira cette lettre, se sera accomplie une destinée qui, depuis ma plus tendre enfance, n'aura jamais cessé d'hanter mon esprit… Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie… Je meurs seul, dans un pays d'indifférence et de racisme… Je meurs pour avoir vu mourir l'Algérie au lendemain même de sa naissance et pour avoir bâillonné l'un des peuples de la Terre qui a payé le plus lourd tribut pour affirmer son droit à l'existence.» Ce sont quelques phrases écrites par le martyr de la démocratie, Ali Mecili, qui faisait l'objet de nombreuses menaces. Des menaces qui passèrent à la phase de l'exécution un triste 7 avril 1987, à 22h35, à Paris. Avocat au barreau de Paris, membre fondateur du Front des forces socialistes (FFS), militant acharné de la démocratie, Ali Mecili est assassiné devant l'entrée de son immeuble de trois balles dans la tête. 26 années sont passées depuis ce lâche assassinat et l'affaire Mecili demeure une plaie ouverte. La famille et les compagnons de Mecili s'opposeront à toute fermeture du dossier tant que la justice n'a pas suivi son cours normal et que l'auteur et les commanditaires de cette liquidation d'une grande figure de l'opposition algérienne n'ont pas été jugés. «Il est toujours de notre devoir de rappeler que des militants épris de justice et de démocratie ont créé le FFS pour contrecarrer la dérive autoritaire du régime post-indépendance. Parmi ces hommes qui ont œuvré à sensibiliser les Algériens sur une autre manière de gouverner, il y avait Ali Mecili. Considéré comme une véritable menace au régime autoritaire, sa liquidation physique a été programmée pour mettre fin au travail politique qui pouvait amener le changement en Algérie», note le premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri, dans un message lu, hier, lors d'une journée hommage à Ali Mecili organisée par ce parti. Pour que le crime ne reste pas impuni et pour que la raison d'Etat cède enfin devant la justice, le Front des forces socialistes tient à rappeler continuellement que la vérité finira par triompher. «Depuis avril 1987, la raison d'Etat a primé sur la justice et la vérité. Le crime politique est resté jusqu'à ce jour impuni… Cette date consacrée journée du militant nous amène à œuvrer sans cesse pour que la lumière soit faite, que justice soit rendue à toutes les victimes et aussi pour faire vivre lors de cette journée les principes politiques, démocratiques et rassembleurs qui furent ceux d'Ali Mecili…», note Laskri. L'hommage rendu à Mecili hier par le FFS s'est décliné en une journée de formation au profit des jeunes. Une manière de nourrir cette jeunesse aux mamelles du combat pacifique pour la démocratie et les droits de l'homme, dont se réclamait Ali Mecili. Ce dernier, œuvrait avant sa mort à unir les forces démocratiques algériennes afin d'imposer une alternative démocratique et voir enfin se construire l'Algérie pour laquelle il a milité sa vie durant. Né en 1940 à Koléa, Mecili s'est très tôt engagé dans la lutte pour la libération du pays. A l'indépendance, il continua son combat pour une Algérie libre et démocratique en fondant, avec Hocine Aït Ahmed, le FFS. Il connut les geôles de Ben Bella puis à sa libération en 1965, il part en France où il devint avocat. Il n'a jamais cessé, aux côtés d'Aït Ahmed, de militer pour une Algérie démocratique. Dans une conférence donnée quelques jours avant sa mort, Ali Mecili évoquait la fameuse raison d'Etat. «Il y a la raison d'Etat qui fait que les états indépendants ont entre eux des relations diplomatiques, politiques, économiques qu'ils font passer au-dessus de toute autre revendication démocratique», disait-il. Sur une note de dépit, Mecili ajoute : «La Charte des Nations unies appuie la supériorité des droits de l'homme sur toute autre considération. Pourtant, la raison d'Etat triomphe sur tout l'échiquier politique international.» Il en sera victime quelques jours plus tard et 26 ans après, son assassin n'a pas goûté un seul jour d'emprisonnement.