L'ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a été mis sous contrôle judiciaire, alors que l'ex-vice-président des activités commerciales de Sonatrach et la patronne du bureau d'études privé CAD, Nouria Meliani-Mihoubi, ont été placés sous mandat de dépôt. Ce sont les premières décisions prises, hier et avant-hier, par le juge du pôle pénal spécialisé près la cour d'Alger, dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2, tandis que les auditions se poursuivent toujours. L'instruction dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2 entame sa vitesse de croisière avec les premières mesures prises, hier et avant-hier, par le juge de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, en charge de ce dossier. Ainsi, après avoir entendu en tant que témoins plusieurs personnes et d'anciens cadres dirigeants de Sonatrach, délivré des mandats de perquisition dans leurs domiciles, le magistrat instructeur a procédé dimanche dernier à l'inculpation de Nouria Meliani-Mihoubi, patronne du bureau d'études privé CAD auquel a été attribué le marché de la rénovation du siège de Sonatrach à Ghermoul, Alger, qui était sous contrôle judiciaire dans le cadre de l'affaire Sonatrach 1, actuellement à la Cour suprême. Placée sous mandat de dépôt, Mme Meliani-Mihoubi a passé hier sa deuxième nuit à la prison d'El Harrach, où elle a été conduite tard dans la journée du dimanche. Durant cette même journée, le juge a également entendu Chawki Rahal, l'ex-vice président de Sonatrach chargé de l'activité commercialisation, qui était sous contrôle judiciaire dans le cadre de l'affaire Sonatrach 1. Après plusieurs heures de questions-réponses, en présence de ses avocats, il a été inculpé puis placé sous mandat de dépôt. Hier matin, c'était au tour de Abdelmadjid Attar, ancien PDG, d'être entendu puis inculpé par le juge d'instruction qui l'a placé sous contrôle judiciaire. Durant la même matinée, c'est le représentant de SNC-Lavalin Algérie qui a été entendu en tant que témoin sur le marché de réalisation de la centrale électrique de Hadjret Ennous, à Tipasa, en 2006, pour un montant de 820 millions de dollars, dont les conditions d'octroi grâce, selon certaines indiscrétions, à Farid Bedjaoui, sont frappées de suspicion. La liste des personnes convoquées en tant que témoins serait très longue et concernerait, dit-on de source judiciaire, de nombreux anciens PDG de Sonatrach dont Nazim Zouiouèche, Abdelhak Bouhafs, mais également Chakib Khelil, en tant que PDG, puisqu'il a eu à occuper ce poste durant presque une année après le limogeage de Bouhafs au début des années 2000. Pour l'instant, aucun détail n'a filtré sur le contenu des griefs retenus par le juge d'instruction contre les mis en cause. Ce qui est certain, c'est que les investigations judiciaires sont liées aux informations contenues dans les réponses des commissions rogatoires délivrées par le juge du pôle pénal spécialisé près la cour d'Alger, aux tribunaux suisses, britanniques, émiratis et français, mais aussi dans le cadre de la coopération judiciaire entre la justice italienne et algérienne. Celles-ci (informations), nous a-t-on précisé, auprès des mêmes sources constituaient des griefs assez graves pour certains cadres dirigeants de Sonatrach, dont quelques-uns sont toujours en poste, d'autres ont pris leur retraite ou occupent des postes de responsabilité dans d'autres secteurs. Même si les prévenus bénéficient du principe de la présomption d'innocence jusqu'à ce que le tribunal les condamne définitivement, des sources proches du dossier affirment que le juge vient d'ouvrir la boîte à pandore. De ce fait, et de par l'importance des montants en jeu et de la gravité des faits reprochés, il est fort probable que le dossier Sonatrach 2 finisse par faire oublier celui qui l'a précédé, à savoir Sonatrach 1, d'autant que l'enquête touche l'ensemble des activités du groupe Sonatrach, et ce, depuis presque une vingtaine d'années. Dès aujourd'hui, il faudra s'attendre à d'autres mesures de la part du juge d'instruction qui a déjà convoqué plusieurs autres cadres dirigeants de la compagnie pétrolière pour les jours à venir. A propos de Chakib Khelil, au cœur de tous ces scandales, nos sources expliquent qu'il ne peut être inculpé dans le cadre de ces affaires par le pôle pénal dans la mesure où durant les faits, il occupait le poste de ministre et à ce titre, il bénéficie de la procédure de privilège de juridiction. Seule la Cour suprême peut le poursuivre et l'inculper, et c'est à elle de désigner le tribunal qui le jugera dans le cas où la chambre d'accusation de cette haute juridiction confirme l'inculpation. Il restera cependant le cas de Réda Hamèche, également concerné par les informations contenues dans les réponses des commissions rogatoires et qui vit actuellement à l'étranger. Va-t-il être convoqué et surtout va-t-il répondre à la convocation du juge ? La question reste posée. En attendant d'avoir la réponse, le juge de la 9e chambre pénale près la cour d'Alger poursuit ses investigations.