La galerie d'art Ezzou'Art du Centre commercial de Bab Ezzouar abrite, depuis le 6 avril dernier, une exposition de peinture collective. Le vernissage de cette exposition a eu lieu samedi dernier, devant un parterre d'invités composé essentiellement de proches, d'esthètes et de quelques curieux de passage. Dès le seuil franchi, le regard est happé par une grande toile, posée sur un chevalet sur laquelle on reconnaît en filigrane le coup de dessin de la défunte artiste Baya Mahieddine. Une toile intitulée «Baya revisitée», signée par l'artiste et professeur Anissa Berkane. Diplômée de la société des Beaux-Arts d'Alger depuis une vingtaine d'années, cette artiste peintre présente de grandes œuvres où le signe et la lettre sont omniprésents. En effet, on retrouve des tracés aux formes géométriques, généralement ovales où gravitent non loin des versets coraniques. L'espace des œuvres est bien compartimenté. Disciple de feu Abderrahmane Sahouli, Anissa confie que ses œuvres sont le fruit d'une rencontre dans les années 2000 avec le plasticien Rachid Koraïchi. Sa peinture se définit en termes d'écriture et de signes. Elle est pour ainsi dire liée à sa foi. Elle associe à la perfection le souvenir à la peinture. Elle fait appel, également, au souvenir et à la lecture du Coran. «Sans prétention aucune, aujourd'hui, j'ai acquis une certaine notion de la peinture. Mon travail n'est que l'aboutissement de vingt ans de labeur. Je vais de découverte en découverte. De par ma lecture du Coran, mes connaissances se sont aiguisées davantage», dit-elle. Cette dernière croit au miracle du chiffre. «Le Coran est codé avec des chiffres», indique-t-elle. A la question de savoir si le tableau intitulé «Baya revisitée» est une reproduction, elle nous répond d'une voix timide mais sincère à la fois que le thème de cette œuvre a été donné en début d'année en cours, à ses élèves des ateliers Bouffée d'Art de Ben Aknoun. «J' ai pris réellement du plaisir en réalisant cette œuvre. J'ai pris la forme de Baya, mais le reste est mon exécution personnelle. J'ai voulu rendre hommage à cette grande dame de la peinture algérienne. C'est elle qui a démocratisé l'art algérien», argue-t-elle. Djihad Attiya Saâd est un artiste irakien qui s'est établi en Algérie depuis une décennie. Il est professeur en architecture et en arts plastiques à l'université de Blida. Les tracés géométriques n'ont aucun secret pour lui. Il livre deux remarquables œuvres figuratives qui interpellent la mémoire. Dans le premier tableau, on y découvre La Casbah d'Alger et dans le second un couple en pleine complainte sentimentale. A la fois plasticien et sculpteur, l'artiste maîtrise à outrance le jeu de lumière et d'ombre. En aparté, l'artiste confie que s'il a toujours été imprégné par l'architecture ottomane, La Casbah d'Alger et La Casbah de Baghdad l'ont de tout temps obnubilé. Sa palette vire vers les tons sombres. Il explique que cette tristesse fait référence à la guerre en Irak et aux chants et à la musique lugubres de son pays. Cependant, il tente de donner une lueur d'espoir à travers un filet fluide de peinture claire. De son côté, Samia Boumerdassi, qui est à la fois médecin, auteure et poétesse, livre deux tableaux aux traits épurés et aux couleurs sereines. L'artiste, Hazim, livre deux belles œuvres, réalisées en partie avec de la résine brillante. En somme, cette exposition de peinture collective est riche à plus d'un titre de par les tendances et les techniques, où quinze artistes sont unis par la même passion de l'art.