Les cimaises de la galerie d'art Baya du palais de la culture Moufdi Zakaria sont ornées, depuis jeudi dernier, d'une remarquable exposition de peinture féminine collective. Intitulée «Palette au féminin», cette exposition de peinture — organisée à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme — rassemble un ensemble de six artistes, avec une moyenne de 180 œuvres. Lors du vernissage organisé jeudi dernier en présence d'un monde impressionnant, la directrice du Palais de la culture, Mme Bouchentouf, a soutenu que la salle Baya est ouverte tout au long de l'année afin justement de faire connaître la création artistique nationale. Les artistes, Naït El Hocine Fatiha, Safia Meghnem, Meriem Kazouit, Nadia Cherrak, Samia Boumerdassi et Medjda Benchaâbane exposent jusqu'au 23 de ce mois. Qu'elles soient diplômées de l'Ecole supérieure des beaux-arts ou autodidactes, ces artistes peintres et plasticiennes offrent de belles œuvres aux connotations multiples. Le regard est, en effet, comme hypnotisé par cette multitude d'œuvres exhibées. La plupart des participantes sont originaires d'Alger, à l'exception de deux d'entre elles, issues de Tizi Ouzou et Béjaïa. Toutes les générations confondues sont présentes avec des styles et des tendances artistiques différentes. En effet, l'art figuratif, l'art abstrait, le collage, le pop art, la peinture sur toile et sur verre sont à l'honneur, au grand ravissement des esthètes.Samia Boumerdassi est à la fois médecin généraliste, poétesse et écrivaine. Elle présente une quinzaine d'œuvres anciennes et récentes, témoignant d'une historicité certaine. Elle a ce pouvoir de transporter plus d'un dans un univers onirique à travers, notamment, «Oiseau bleu», «Arabesques». Certains tracés sont translucides, faisant appel à des formes géométriques, à l'image de «vue» et «printemps». D'autres sont plus figuratifs avec des portraits notamment de femmes historiques, à l'image de la Kahina. L'artiste détient, en outre, un lancer de pinceau dont elle sait si bien extraire de sa palette les couleurs de la vie. L'autodidacte, Meghenem Safia, offre une série de beaux tableaux de femmes, réalisés à la peinture à l'huile, agrémentés tantôt d'autres matériaux dont seule l'artiste détient le secret. A travers les titres des tableaux choisis, un clin d'œil est lancé en direction des anciens prénoms féminins existants à travers le territoire national. «Damya» représente le portait d'un belle femme chaouie au regard ravageur. Le foulard violet ceignant sa tête dépasse le cadre de l'œuvre, et ce, à travers la technique du collage. Comme l'indique son titre, «Tassadit» est une élégante dame âgée assise dans son patio en tenue traditionnelle kabyle, sirotant une bonne menthe glacée. «Lallahoum» décrit la grâce d'une Algéroise, emmitouflée dans un haïk. «Tlidja» est une gamine, sapée d'une robe rouge avec à la main un bouquet de fleurs. De son côté, la psychologue de formation, Medja Benchaâbane, propose des œuvres semi-abstraites datant entre 2006 et 2013. La condition féminine semble l'habiter au plus profond d'elle-même. On retrouve des silhouettes de femmes tantôt joyeuses tantôt tristes. Elle excelle également dans le pop art. Elle nous en donne un aperçu à travers deux autoportraits retravaillés par ordinateur. Une fois le dessin réalisé, elle appose une série de mots tels que «printemps arabe», «terrorisme», «révolution», ou tout simplement des coupures de journaux. Elle explique qu'elle a tenu à exprimer un regard sur la «guerre médiatique» et les formules contradictoires qu'elle a trouvées dans les journaux durant le «printemps arabe». Naït El Hocine Fatiha est professeur de dessin dans un collège algérois. Elle s'attelle à redonner la blancheur d'antan à certains grands sites, comme La Casbah d'Alger, Sidi Abderrahmane, l'Amirauté. Meriem Kazouit, major de sa promotion à l'Ecole des beaux-arts de Sétif, a réalisé des œuvres abstraites aux couleurs chaudes. Nadia Cherrak s'est largement inspirée de la danse et de la musique dans la totalité des ses tableaux. En somme, cette exposition de peinture, qui durera jusqu'au 23 mars prochain, mérite largement le détour tant les moments sont forts et les expressions intenses.