La maison de la culture de Koléa, en partenariat avec l'association Dar El Gharnatia, a inauguré, le 8 avril dernier, son Club littéraire et artistique. Cette inauguration a été rehaussée par la présence de l'ex-ministre, Bechichi Lamine. Mais le fait marquant, de ces moments chargés d'émotion, a été incontestablement l'hommage rendu au grand homme de la culture, Cheikh Slimane Annani, en présence des membres de sa famille et de ses amis. Gravement malade, Cheikh Slimane Annani se trouvait chez lui au moment où l'un de ses élèves, Nordine Labri, relatait la vie de ce monument à l'assistance. Cheikh Annani Slimane est né le 13 mars 1923, à Koléa. Une ville qui demeure, à ce jour, une source culturelle intarissable au pluriel. Depuis son jeune âge, cet Algérien, maîtrisant parfaitement le français et l'arabe, aura jalonné son parcours d'une interminable création culturelle dense et riche. Depuis sa création, au XVIe siècle, la ville de Koléa a eu le privilège d'être le berceau de grands savants qui sont restés et ont vécu dans la modestie au milieu de leur bibliothèque. Ces derniers restent des références pour bien des chercheurs, et ce, dans tous les domaines. Il s'agit de Cheikh Kadour Haloui, Cheikh Bachir Rabhi, Cheikh Mohamed El Yacoubi (El Oujdi, ndlr), Cheikh Sidi Ali Ben Allel et cheikh Annani Slimane. Poète, écrivain, enseignant, historien, conférencier, éducateur, traducteur, animateur culturel à la Radio algérienne dès l'indépendance de l'Algérie, Cheikh Annani Slimane a été un camarade de classe de Mostefa Lacheraf, Boualem Baki, Boualem Bessaïeh, pour ne citer que ces personnes, et a été l'enseignant d'Ahmed Djebbar, Kamel Bouchama, Hachemi Chérif, selon les témoignages relatés par Nordine Labri. Cheikh Slimane Annani a passé plus de 44 ans dans l'enseignement. Ses voyages à travers le monde et le pays, pour y animer des conférences, lui ont permis d'enrichir ses recherches. A présent, sa silhouette frêle n'est plus en mesure de supporter le poids de son âge, néanmoins son esprit est toujours aussi alerte. Ces dernières semaines, Ammi Slimane, comme nous aimons l'appeler, était occupé à la traduction d'un volumineux ouvrage de son ami, Cheikh Bouamrane. Cheikh Annani Slimane fait partie de ces êtres purs qui ont baigné durant toute leur vie dans un univers culturel sain, pour être au service des jeunes. En dépit du mal qui le ronge et de la fatigue, recroquevillé sur son lit, il nous a accueillis avec son sourire candide. Les larmes aux yeux de son entourage exprimaient la tristesse qui enveloppe cette «bougie» qui a éclairé les paysages et les salles par sa présence, sa sagesse, ses lectures, ses mots, durant des décennies, juste pour faire rêver les jeunes et leurs aînés, qu'il aimait tant faire baigner dans le bonheur et l'espoir.