Noureddine Moussa, ministre du Tourisme, s'est voulu rassurant quant à l'avenir du tourisme, lors de son passage, hier, au forum de l'ENTV. Revenant sur les principaux indicateurs de l'évolution de ce secteur, il a mis en exergue l'importance du tourisme dans le monde qui n'est plus perçu comme « une activité de loisirs et de divertissement, mais constitue une activité économique à part entière quelle que soit l'orientation politique des pays ». Les statistiques le confirment. Selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), il a été enregistré en 2004, le chiffre de 763 millions de touristes dans le monde. Il est passé à 808 millions de touristes en 2005, soit une progression de 5,5 %. Les recettes touristiques mondiales sont estimées à 623 milliards de dollars. La Méditerranée capte, à elle seule, 35% du flux touristique mondial, soit 260 millions de touristes. Au niveau du Maghreb, le Maroc a reçu 5 516 000 touristes et la Tunisie a enregistré 5 998 000 touristes en 2004 et tablent sur 10 millions de touristes en 2010. L'Algérie a un grand retard à rattraper. Malgré des atouts indéniables, voire exceptionnels (diversité des paysages, la culture et sa proximité avec l'Europe), notre pays n'arrive pas à décoller. En 2005, il y a eu 1 443 090 touristes, dont 441 206 étrangers et 1 001 884 Algériens établis à l'étranger. Le ministre a diagnostiqué son secteur avec précision. Parmi les points forts, il cite « la beauté et la diversité des potentialités touristiques, un climat favorable, l'existence de monuments classés parmi le patrimoine mondial, le développement des infrastructures de communication et de transport et la proximité des marchés émetteurs ». Les points faibles sont « le déficit des capacités d'accueil, la médiocrité des services, l'absence d'une culture touristique et d'un environnement qui encourageraient les touristes à venir visiter notre pays et l'inadéquation des dessertes aériennes avec les exigences des marchés extérieurs ». Concernant la privatisation des hôtels, le ministre a affirmé que cette opération « suit son cours ». Cinq hôtels ont déjà été privatisés ( El Hidab, L'Orient Annaba, Hammam Melouane, Les Zianites et le Grand hôtel d'Oran). Quatorze appels d'offres ont été lancés pour 14 structures hôtelières. L'ouverture des plis, qui devait avoir lieu le 15 avril, a été ajournée et reportée au 6 mai prochain. Concernant les travailleurs, ils peuvent rester en poste ou choisir l'indemnisation. La déficience des infrastructures d'accueil (hôtels notamment) constitue un handicap pour le développement du tourisme. L'Algérie n'offre en effet qu'une capacité de 81 000 lits (dont 36 000 publics). Selon les autorités, elles-mêmes, 90% du parc hôtelier existant ne répondent pas aux normes internationales et devront faire l'objet d'une mise à niveau. Ce parc est réparti entre 1004 établissements hôteliers (872 privés et 73 publics) et 59 collectivités locales. Il existe à peine 10 établissements de 5 étoiles, 22 établissements de 4 étoiles, 67 de 3 étoiles, 59 de 2 étoiles, 42 de 1 étoile et 802 non classés. L'ouverture du nouvel aéroport d'Alger en 2006 et le retour des grandes compagnies aériennes internationales faciliteront la desserte du pays. Le ministre a insisté sur la nécessité de revaloriser le métier de guide touristique et de donner un élan aux agences de voyages (755 agences recensées) en plus de l'ONAT qui est représenté par 30 agences et le TCA avec 25 agences. Concernant les opérations marketing à grande échelle dans les chaînes de télévisions étrangères, il dira : « Il ne sert à rien de faire des opérations de promotion de grande envergure sans préparation. » Il ajoutera : « Les pseudo-investisseurs existent dans tous les domaines. Le foncier n'a pas été maîtrisé comme il se doit. Quatre wilayas ont subi des dégradations : Alger, Oran, Béjaïa et Annaba. » La saison estivale se prépare par petites touches successives. Selon le ministre, il faut que « les espaces de loisirs et de divertissements (les plages) deviennent des espaces de consommation économique qui créent de la richesse et des postes d'emplois ». L'année dernière à titre d'exemple, 16 000 emplois saisonniers ont été créés. « Ce n'est peut-être pas important, mais c'est un bon début », souligne-t-il.