Approvisionnement de plus en plus restreint en produits chimiques et métaux sous forme de poudre (titane, chrome…) et dont les demandes d'autorisation font l'objet d'un examen par les ministères compétents – Défense, Intérieur, Enseignement supérieur et Recherche scientifique –, lenteur inhérente à la publication des travaux de recherche dans les revues scientifiques internationales, procédures contraignantes infligées pour l'obtention du visa… La liste des contraintes, parfois insurmontables, auxquelles se heurtent les étudiants-chercheurs algériens, physiciens, chimistes ou métallurgistes, est longue. Pour nombre d'entre eux, l'opportunité pour en débattre fut donnée par le département de chimie et les laboratoires de recherche de chimie de l'université Badji Mokhtar de Annaba, le cadre étant la deuxième édition des journées nationales de chimie qu'a abritées, le week-end dernier, le complexe hôtelier Sabri Annaba. Ils étaient plus de 200 entre doctorants et chercheurs, issus des régions est, ouest, centre, sud, extrême sud du pays, à partager leurs expériences et à échanger leurs résultats scientifiques respectifs, et ce, en présence de leurs pairs tunisiens de l'université de Gafsa, accompagnés par leurs encadreurs de l'université de Montpellier (France). De la chimie organique et la modélisation, chimie analytique et environnement en passant par les matériaux et la corrosion, les thématiques des travaux de recherche s'y rapportant ont suscité un vif intérêt des participants de par les problématiques soulevées et développées. D'autant que celles-ci font l'actualité aussi bien nationale qu'internationale, car axées sur la pollution industrielle, sous ses formes les plus nuisibles et préjudiciables à l'environnement, à la santé humaine surtout. Il s'agit, entre autres, de l'industrie nucléaire, électronique, pharmaceutique, textile et agroalimentaire, là où les process de fabrication requièrent l'utilisation de substances et produits chimiques dangereux. Les risques avérés sur l'homme et la nature sont de fait extrêmes. Des procédés chimiques mis au point pour réduire la rétention de matériaux lourds sur les sites industriels, le traitement des eaux renfermant des polluants radioactifs, l'élimination de colorants de synthèse en milieux aqueux sur une biomasse végétale, ont été exposés et longuement débattus. L'accent a été particulièrement mis sur ce dernier point, vu les rejets massifs de «bleu de méthylène», ce colorant abondamment utilisé par les industriels exerçant dans le textile et qui, peu scrupuleux de la santé de leurs concitoyens, n'hésitent pas à larguer de grandes quantités le long des côtes nationales, exposant à un danger réel la santé des populations vivant en zones limitrophes. Et pour cause, expliquent les auteurs de ce travail de recherche (université des sciences et de la technologie Houari Boumediène (USTHB) à Alger, la faible biodégradabilité de ces colorants rend difficilement applicable le traitement biologique de ces rejets. Une autre étude et non moins importante menée par des doctorants de l'université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès avait, quant à elle, pour but la recherche d'une solution durable et la mieux adaptée aux déchets industriels électroniques. L'évaluation et l'analyse d'échantillons de sol prélevés à même les décharges, utilisées par l'ENIE de la ville éponyme, a fait ressortir la contamination par des métaux lourds (ML), dont une forte teneur en cuivre (89mg/kg). Non dégradables et potentiellement toxiques, les ML sont considérés comme des polluants à risques majeurs et incontestables pour l'homme, ont-ils mis en garde. Et bien qu'ils soient concernés au premier chef eu égard aux graves atteintes à l'environnement et à l'homme dont ils sont auteurs, les industriels ont brillé par leur absence lors de cet important forum scientifique organisé à l'initiative du professeur Kamel Berrezag, maître de conférences et chef du département Laboratoires de recherches de chimie (université de Annaba).