Ouverte à toutes les catégories des personnes handicapées, l'association Ibtissama, qui n'a pourtant que 7 mois d'existence, aura accompli un travail remarquable en direction des non-voyants. « C'est la catégorie qui demeure la plus lésée, surtout en matière d'emploi et d'insertion professionnelle », nous indiquera Lotfi Bouallegue, président de l'association Ibtissama et enseignant de braille à l'école des jeunes non-voyants de la rue Abderrahmane Benmeliek. En si peu de temps et avec des moyens insignifiants, l'association a réussi à ouvrir une section de formation à la manipulation du standard téléphonique par des non-voyants, mais aussi l'apprentissage de la réparation en cas de panne. Une manière d'assurer à cette catégorie les moyens de se maintenir et de prouver ses capacités et son indépendance. L'expérience fort encourageante semble donner des idées pour l'association qui œuvre aussi pour l'enseignement des adultes et de ceux ayant perdu la vue accidentellement pour l'apprentissage du braille en leur donnant les moyens de réintégration, mais surtout le soutien moral et psychologique pour faire face à un handicap difficile à supporter. Ne manquant pas d'ingéniosité, l'association vient de créer une « petite » bibliothèque de braille au centre culturel Rachid Ksentini, dans la cité Daksi, la première à l'échelle de la wilaya. « C'est un premier noyau de 150 livres et revues pour inciter les non-voyants à la lecture que nous avons pu installer grâce aux dons des bienfaiteurs et au soutien de Amine Zaoui, directeur de la bibliothèque nationale, qui nous a remis un lot de livres en braille », nous affirme Lotfi Bouallegue. Si la plupart des ouvrages et revues sont en langue française, l'association Ibtissama espère enrichir ses étals par des livres en arabe, du reste très demandés. « Nous sommes capables d'imprimer des livres en toutes langues pour tous les non-voyants pourvu qu'on nous aide à acquérir une imprimante de braille. » Un équipement qui coûte 800 000 DA, mais qui sera un premier pas vers la création d'une véritable bibliothèque pour non-voyants à Constantine. Un moyen aussi de redonner le goût de vivre à une frange qui a souffert de toutes les marginalisations.