Ils sont nombreux ces non-voyants qui vivent dans des conditions difficiles, ne sachant plus à quelle porte frapper. A ce sujet, Mohamed-Salah Atrous, secrétaire général de l'union de wilaya des non-voyants déclare : « On estime à plus de 3 100 les non-voyants recensées au niveau de la wilaya de Constantine, alors que le nombre des cas non déclarés par les familles, dont certaines comptent jusqu'à trois enfants touchés par ce handicap, demeure inconnu ». Cette organisation, qui figure parmi les plus anciennes à l'échelle nationale, réclame depuis des années l'application de la loi 63/200, adoptée par le premier parlement de la République algérienne et mise aux oubliettes, selon l'expression de Mohamed-Salah Atrous. « Nous ne comprenons pas pourquoi cette loi, dans laquelle l'Etat algérien nous assurait nos droits, a été mise hors circuit alors qu'il n'y a pas eu de décrets ou autres législations l'abrogeant, pour qu'on se retrouve finalement classés parmi les malades chroniques », s'interroge-t-on dans les rangs des non-voyants. Ces derniers dénoncent toujours les méfaits de la loi 02/09 du 8/5/2002, par laquelle ils ont perdu tous leurs acquis. « Le droit des non-voyants à une pension fixe, à une réduction du loyer et autres avantages de la loi 63/200, ont complètement disparu au profit d'une aide de 1 000 DA par mois, contrairement aux autres catégories de handicapés qui perçoivent 3 000 DA mensuellement ». A Constantine, la situation des non-voyants n'est guère reluisante. L'accès aux postes d'emploi est loin d'être une sinécure. « Nous parvenons difficilement à décrocher des contrats d'embauche pour les jeunes, surtout dans le cadre du pré-emploi et du filet social, où les non-voyants sont recrutés généralement en tant que standardistes », affirme-t-on à l'union de wilaya, où des efforts iront en priorité pour la préservation des 10 postes déjà acquis jusque-là. Les possibilités, offertes pour les nombreux diplômés universitaires dans le secteur de l'enseignement, restent très mal exploitées en raison des difficultés que les candidats à l'emploi auront à affronter, en l'absence de mesures pratiques pour l'aménagement de ces postes suivant leur handicap. Le problème demeure toujours posé, et les solutions tardent à venir, bien que des non-voyants aient pu décrocher des diplômes dans des spécialités difficiles. Alors que des associations de non-voyants tentent de s'organiser et se prendre en charge par le lancement de nouveaux créneaux, à l'image de l'association Ibtissama de la ville d'El Khroub, qui vient d'ouvrir des séances d'initiation à l'informatique pour non-voyants, beaucoup de choses restent à faire pour donner une chance à cette frange de la société qui n'aspire qu'à travailler et à vivre dignement.