Aperçu n La politique adoptée par les pouvoirs publics, à l'égard des non-voyants en matière d'emploi, a toujours été, sinon empreinte d'assistanat, du moins, caractérisée par un désintéressement qui ne dit pas son nom. C'est du moins l'avis de bon nombre de non-voyants que nous avons interrogés à ce propos. Selon eux, l'accès au marché de l'emploi est très difficile, voire impossible, pour l'ensemble des handicapés. «Déjà que les personnes jouissant de toutes leurs facultés trouvent toutes les peines du monde à trouver un emploi», affirment-ils, tout en signalant que les responsables de la plupart des entreprises, publiques et privées, ne daignent même pas répondre aux demandes de recrutement qui leur sont adressées par des non-voyants. Il est vrai qu'il n'est pas du rôle de l'Etat de chercher des postes de travail pour telle ou telle catégorie, mais il est tenu de mettre en place des lois qui combattent toute forme de discrimination en matière de recrutement. Néanmoins, cela n'a jamais été fait dans notre pays. Au lendemain de l'Indépendance, les non-voyants ont été embauchés pour la plupart dans une entreprise nationale spécialisée dans la fabrication de balais et de brosses, l'ex-Enabros en l'occurrence. Ce qui est assimilé aujourd'hui par beaucoup à un «manque de respect» à l'égard de cette catégorie. «C'est à croire qu'un aveugle ne sait rien faire d'autre que de fabriquer des balais», commente un adhérent à l'Organisation nationale des non-voyants. Malgré tout, l'ex-Enabros a été pour beaucoup de non-voyants une véritable bouffée d'oxygène en ce sens qu'elle leur a évité le chômage, d'une part, et permis d'avoir un précieux espace de communication, de l'autre . En plus, l'entreprise n'a pas tardé à être confrontée à des problèmes d'ordre financier, ce qui a nécessité sa restructuration. Ainsi est-elle passée en 1992 sous la tutelle du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale sous une nouvelle appellation : l'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Epih). Depuis, les employés font face à des difficultés de tout ordre qui les poussent à organiser régulièrement des manifestations de protestation. Dépourvus de statut, exerçant dans des conditions très difficiles et touchant des salaires «misérables», ils n'ont que leurs voix pour crier leur ras-le-bol et leurs…yeux pour pleurer, surtout que leur entreprise est, apprend-on de sources bien informées, sur le point d'être dissoute.