Le phénomène des violences exercées à l'encontre des enfants en Algérie n'est ni nouveau, ni spécifique à notre pays. Organisé par le bureau local de l'académie de la société civile algérienne (ASCA), un colloque sur le phénomène de la violence et de la maltraitance des enfants en Algérie, a réuni, hier, au centre de formation professionnelle Hassani Bounab de Biskra, un éventail de personnalités et d'acteurs impliqués dans l'éducation, l'aide et la protection des mineurs. Magistrats et officiers des services de sécurité (DGSN, gendarmerie), psychologues et chercheurs en sciences sociales, imams et représentants de la direction de la santé, des services sociaux, de l'éducation, de la jeunesse et des sports, de la Protection civile et de l'inspection du travail, se sont relayés pour cerner les causes des violences infligées aux enfants au sein des familles, en milieu scolaire ou dans la rue et d'étudier les moyens légaux afin d'en circonscrire les effets négatifs sur tout le tissu social. «Les cas de violence psychologique, physique, sexuelle, les mauvais traitements infligés aux enfants et leur exploitation, les enlèvements, les détournements de mineurs et les assassinats d'enfants prennent des proportions inquiétantes qui interpellent notre conscience. Il faut ouvrir un débat national et parlementaire afin d'endiguer ce phénomène mettant en danger les tréfonds de notre société. Les enfants sont nés pour être heureux», dira Salah Kanou, président de l'Asca de Biskra. Pour le professeur Nacer Djaber, enseignant de psychosociologie à l'université de Biskra, le phénomène des violences exercées à l'encontre des enfants en Algérie n'est ni nouveau, ni spécifique à notre pays. « C'est juste que les medias en parlent plus. La violence et la maltraitance des enfants ont toujours existé mais c'était un tabou ou bien certaines formes de violence étaient considérées comme un acte d'éducation. Celle qui touche aujourd'hui les enfants est le corollaire de profondes mutations psychosociales induites par la déstructuration des cellules familiales et l'apparition de nouveaux comportements et mœurs. Notre société est profondément agressive et les enfants en sont les premières victimes. Seules des études et des analyses académiques pointues sont à même d'en expliquer les causes et d'y trouver des remèdes», a-t-il assuré.