Les coupes opérées dans le programme scolaire n'obéissent à aucune règle pédagogique. 50% des lycéens désertent les classes. Confusion au ministère sur la partie du programme concernée par les examens de fin d'année et du bac. Quelle valeur pour le baccalauréat de cette année ? La session 2013 de cet examen est appelée à se dérouler dans des conditions «particulières». Le retard record dans le programme est aggravé par la décision de la tutelle de n'inclure que les premier et deuxième trimestres dans les sujets concernés par les épreuves du bac. Une démarche insensée», selon les syndicats d'enseignants qui critiquent cette mesure, qui est devenue une tradition, consistant à «soulager» les élèves d'une partie du programme à l'approche de cet examen national. La partie concernée par ces épreuves rétrécit, d'année en année, comme peau de chagrin. Pour 2013, un trimestre entier est sacrifié pour calmer les élèves qui réclament une solution au problème de la surcharge du programme. «C'est une fausse solution pour un vrai problème», affirme Ahmed Khaled de l'Union nationale des associations des parents d'élèves, qui estime cependant que «c'est la solution la moins mauvaise». M. Khaled se réfère au long retard enregistré dans les classes de terminale. Un retard dû, selon le représentant des parents d'élèves, aux différents débrayages enregistrés durant cette année scolaire et aux mauvaises conditions climatiques dans certaines régions. «Je pense qu'il n'y a pas d'autre solution. Le décalage de la date de l'examen ne ferait qu'accentuer le retard qui chamboulerait les autres secteurs, comme l'enseignement supérieur», répond M. Khaled à notre question liée au fait que les parents d'élèves n'aient pas réclamé le report de la date de cet examen décisif pour la scolarité de leurs enfants. 50% des élèves ont déjà déserté l'école Les parents d'élèves dénoncent la démarche de la tutelle consistant à limiter systématiquement le seuil des cours concernés par le bac. «La liste des leçons devrait être fixée au début de l'année et non à sa fin. il est insensé que les élèves partent à l'université avec des pans entiers amputés du programme au secondaire», ajoute M. Khaled. De leur côté, les enseignants tirent la sonnette d'alarme sur le phénomène de l'absentéisme dû, selon les syndicats autonomes, à l'annonce systématique de la limitation des cours concernés par l'examen. «Les classes fonctionnent avec seulement 50% des effectifs d'élèves. Dès l'annonce des cours concernés, les élèves boycottent les lycées, sachant pertinemment qu'ils ne sont pas inclus dans les questions du bac. Ceux qui sont issus des familles financièrement aisées se ruent vers les cours particuliers», révèle Idir Achour du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). «Le constat, c'est que même les élèves de 1re année et de 2e année secondaires désertent les classes. C'est un phénomène qui s'est généralisé», constate le représentant du CLA qui tire la sonnette d'alarme sur ce qu'il appelle «la généralisation de la quête de la réussite à moindre effort chez une grande partie des élèves». Les enseignants estiment que cette préoccupation, exprimée à maintes reprises, devrait être sérieusement prise en charge dès la rentrée scolaire prochaine pour éviter la réédition du même scénario. «Pour cette année, les pots sont déjà cassés, il n'y a plus rien à faire. Le retard est énorme. Les élèves sont en retard d'au moins 13 cours dans certaines matières essentielles», révèle en outre le CLA, qui appelle la tutelle à l'application en urgence de mesures pour remédier à la question de la surcharge des programmes et «cesser de mettre les enseignants devant le fait accompli en charcutant les programmes à la fin du 2e trimestre».