Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, en visite hier à Béjaïa, a insisté sur l'impératif d'accentuer la cadence des projets inscrits à l'indicatif de son secteur, notamment ceux à consonance stratégique, tel le barrage de Tichy Haf ou la station de traitement des eaux d'Aït R'zine dont l'achèvement synchronisé est susceptible à terme de régler substantiellement les besoins en eaux (potable, industrielle et d'irrigation) de toute la vallée de la Soummam. « Il faut redoubler d'efforts », n'a-t-il cessé de répéter sur les sites des deux chantiers, allant même jusqu'à user de boutades en précisant à l'adresse des techniciens italiens et français qui y travaillent que « cela me tient particulièrement à cœur parce que c'est ma région d'origine. C'est une affaire sentimentale », plaisantera-t-il devant des auditeurs amusés. Il faut dire que les deux projets ont un impact de première importance sur l'économie de la région et le confort de ses populations. Le premier, le barrage en l'occurrence, avant même son achèvement fait figure déjà de vieillerie tant sa progression a été laborieuse. Lancé en 1989, avec une dotation financière initiale de 375 millions de dinars, il en est, 17 ans plus tard et au terme de douze réévaluations, à 3,7 milliards de dinars au moment où les prévisions pour sa livraison définitive tablent sur un montant global cumulé de 5,32 milliards de dinars. Un projet budgétivore, frappé du signe indien, que M. Sellal a jugé au demeurant « épique », après avoir été mis au parfum de toutes les galères dans lesquelles il a été embarqué. Qualité du terrain (médiocrité de la fondation de sa rive droite), qualité du maître de l'ouvrage, une entreprise serbe, qui a dû abandonner le chantier pour des raisons en relation avec la crise des Balkans, qualité du bailleur de fonds, un consortium koweïtien qui a dû refréner ses élans du fait de la première crise irakienne, situation sécuritaire du pays et l'impréparation des opérateurs nationaux à ce type d'entreprises se sont succédé dans un ahurissant acharnement au point de désespérer un grand nombre quant à son aboutissement. Le barrage semble enfin arriver à terme. L'engagement pris est qu'il sera mis en eau en début du mois de juin, et sa livraison officielle devrait intervenir dès l'automne prochain. De type voûte avec vidange de fond et évacuateur de crues secondaire incorporés, unique en Algérie, le barrage va régulariser 150 millions de m3 d'eau. Il est destiné à alimenter en eau potable et industrielle 23 agglomérations situées le long du couloir reliant Akbou à Béjaïa, sur une distance de près de 80 km, avec une ressource hydrique 47 millions de m3/an. Le reste, soit 43 millions, sera utilisé à des fins d'irrigation, dont 3200 ha situés en haute Soummam et 6400 ha localisés dans les périmètres du Sahel. C'est dire toute son importance et l'intérêt du second projet, dont la matérialisation est à même de lui donner la substance attendue. Il s'agit en fait de toute la partie en relation avec le transfert de cette ressource vers les régions bénéficiaires prédéfinies dont le projet va nécessiter un investissement de l'ordre de 2,7 milliards de dinars. Pris en main par une entreprise mixte algéro-italienne, Astaldi et ETR Haddad, le projet va consister en la mise en place de tout le complexe hydrique, allant du raccordement sur prise d'eau depuis le barrage jusqu'aux équipements électriques, en passant par les réseaux d'adduction, la station de traitement. Sa mise en fonction est attendue en novembre 2007.