Le personnel menace de boycotter la prochaine année scolaire si le nouveau lycée n'est pas achevé. Après le sit-in organisé le 23 février dernier devant la Direction de l'Education, les enseignants du lycée Chahid Ben Yahia Mhnd Améziane de Barbacha ont repris lundi le chemin de la protestation et organisé un rassemblement devant le siège de la wilaya afin de dénoncer la situation «insupportable» que vivent les élèves et le personnel de leur établissement construit en amiante, une matière cancérigène qui menace la santé des élèves et du personnel. Réunis sous la section syndicale du lycée de Barbacha affiliée au CNAPEST-elargi, les enseignants dénoncent «la mollesse des autorités concernées» pour répondre à leurs doléances transmises, lors du rassemblement du 23 février dernier. Le personnel a aussi observé une journée de grève le mardi 23 avril, «Le danger de l'amiante est notre souci majeur car il y va de la santé des élèves et du personnel mais l'établissement connaît aussi d'autres insuffisances et ne répond plus aux normes pour accueillir des milliers d'élèves», a déclaré Lakhbeche Lounes, Coordinateur du lycée de Barbacha qui cite les multiples défaillances de l'établissement. «Trois responsables de la DE nous ont fait des promesses qu'ils n'ont pas tenues. Nous avons donc décidé de revenir à la charge car nous travaillons dans des conditions misérables», a-t-il lancé. Il précise que le personnel exige l'accélération des travaux de construction du nouveau lycée qui devra être réceptionné la prochaine année scolaire. «Sur le terrain, il y a deux entreprises avec deux travailleurs. Ce n'est pas sérieux. A ce rythme, aucune classe ne sera réceptionnée», prévient-il. Le personnel menace de boycotter la prochaine année scolaire si le nouveau lycée n'est pas achevé. Mansouri Ahcene, membre du bureau de wilaya du CNAPEST déclare partager les sentiments de frustration du personnel contestataire et exprime sa solidarité avec eux. «Le directeur de l'éducation de Béjaïa fait semblant que cela le dépassait, en dégageant la responsabilité et l'imputant à la DLEP ou aux services de la wilaya. Il faut savoir que le lycée de Barbacha est inscrit en 2006, cela fait 7 ans que les travaux auraient du être lancés», a-t-il souligné. La situation des élèves du lycée de Barbacha a suscité aussi des réactions du coté du Conseil des Lycées d'Algérie CLA, à travers son SG, Idir Achour qui dénonce l'indifférence des autorités concernées. «C'est malheureux qu'en 2013 ces enseignants sont contraints de travailler sous l'amiante qu'on croyait déjà révolue, pourtant elle a fait partie des priorités de l'ex ministre Ben Bouzid pour mettre fin à l'existence de l'amiante dans tous les établissements scolaires», dit-il. Selon lui, le lycée de Barbacha n'est pas un cas isolé, au moins deux autres établissements du secondaire dans la wilaya sont construits en amiante, à l'image du Technichum de Béjaïa, et celui de Chemini. «Si les autorités concernées continuent à faire la sourde oreille, c'est toute la population de Barbacha qui pourra manifester car n'oublions pas, ce sont quelques 1500 élèves qui souffrent des dangers de l'amiante», met-il en garde. Les parents d'élèves du lycée en question prennent très au sérieux la menace qui pèse sur leurs enfants. Certains ont déjà pris la décision d'envoyer leurs enfants dans d'autres lycées de la wilaya. «Nous avons eu des cas de décès au lycée Barbacha personne ne sait si l'amiante y était pour quelque chose, car aucun contrôle médical de ce genre ne se fait dans ces lycées», confie Kasri Moussa, un parent d'élève qui a préféré envoyer son fils au lycée d'Amizour. Selon les enseignants rencontrés lors du rassemblement du lundi, leurs revendications «n'ont trouvé aucune réaction convaincante des responsables concernés». Une attitude qu'ils qualifient «d'acte de marginalisation et d'exclusion» envers les élèves et le personnel du lycée de Barbacha. Devant le siége du premier responsable de la wilaya, les protestataires sont encore une fois déçus ; aucun responsable de la wilaya n'a accepté de les recevoir. «C'est du mépris, de l'humiliation», regrette Lakhbeche Lounes.