L'entourage du président Abdelaziz Bouteflika, transféré en urgence à l'hôpital militaire français Val-de-Grâce suite à un «mini-AVC», ne chôme pas. Un véritable forcing est mené par d'intrigantes sources anonymes de la présidence de la République, s'exprimant dans certains médias, annonçant que les projets politiques du chef de l'Etat sont toujours maintenus. Relayés par certains médias, les «voix» du Palais, celles qui plaident avec insistance pour un quatrième mandat du président Bouteflika en dépit de son état de santé, de son bilan négatif facilement vérifiable et surtout de trois mandats ponctués d'accablantes affaires de corruption, ne désespèrent pas de voir le locataire d'El Mouradia rempiler pour un mandat supplémentaire. Pourtant, jamais la question de la succession n'a été posée en des termes plus clairs ! Si la promotion d'un quatrième mandat passait déjà très mal au sein de l'opinion avant ce fameux samedi où le président Bouteflika a été victime de cette attaque ischémique transitoire, il est désormais établi que le chef de l'Etat est, non seulement fragilisé politiquement, mais aussi physiquement, plus qu'il ne l'était. On le sait malade depuis 2005, lorsqu'il a été transféré dans le même hôpital parisien. Tout le monde se demandait, depuis près d'une année, si le président Bouteflika pouvait avoir les capacités de gérer les affaires du pays lui qui a réduit, ces dernières années, la fonction présidentielle aux strictes activités protocolaires. Si l'on dit ici et là que le chef de l'Etat nourrit lui aussi, malgré le poids de l'âge, le handicap d'un bilan négatif de son règne, les affaires de corruption qui éclaboussent son entourage immédiat et lointain, le désir de ne pas «raccrocher», ses proches le font particulièrement savoir, manœuvrent et tentent de créer les conditions de leur maintien au pouvoir. D'ailleurs, le président Bouteflika et son entourage, qui ont réussi à mettre en place un système de verrouillage qui ne laisse aucune chance à une éventuelle alternance, en opérant en 2008 une révision constitutionnelle, perçue comme un véritable coup de force contre le principe démocratique de l'alternance au pouvoir par le biais de la limitation des mandats, s'apprêteraient à récidiver par une autre révision de la Loi fondamentale qui instituerait un poste de vice-Président, recruté bien évidemment dans l'entourage présidentiel pour assurer la continuité du «clan», comme aimait à l'appeler l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, impliqué jusqu'au cou dans les affaires de corruption touchant Sonatrach. Rien ne semble dissuader le «clan présidentiel» qui ne veut pas, au grand dam de l'éthique politique et de la morale qui veut que lorsqu'on échoue on cède la place, renoncer aux privilèges et surtout au pouvoir que confèrent les fonctions d'El Mouradia. L'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, posait à juste titre, il y a environ deux années, la question de savoir si un quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika servirait l'Algérie. La problématique, qui visiblement dérange ses partisans, se pose désormais avec acuité.