Le cancer du col de l'utérus affecte de plus en plus de femmes. Selon les données chiffrées du docteur Arab Boudriche, gynécologue à l'hôpital de Zéralda, environ 1400 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Il précise que, souvent, le diagnostic est établi tardivement, rendant les chances de guérison très minimes. Ce spécialiste relève, dans ce sillage, que le cancer du col de l'utérus, relégué en Algérie au deuxième rang des cancers «féminins», est l'un des cancers les plus meurtriers chez la femme algérienne. Intervenant lors d'une conférence-débat au forum du quotidien DK-News, le Dr Boudriche a affirmé que cette maladie est la deuxième en termes de mortalité après le cancer du sein, qui fait des ravages en Algérie. Selon lui, 3 à 4 femmes meurent quotidiennement de cette maladie provoquée par un groupe de virus oncogènes nommé HPV (Human Papillomas Virus) chez les personnes ayant été exposées à plusieurs reprises à ce type de micro-organismes et dont le système immunitaire est affaibli. Le HPV ne touche pas uniquement les femmes, mais peut aussi affecter l'homme et conduire à des cancers de l'appareil reproducteur. Certains types de virus ne provoquent pas de lésions oncogènes, mais sont à l'origine d'une autre maladie, appelée condylome, qui se manifeste par l'apparition de verrues dans les parties génitales de l'homme (80%) ou de la femme (20%). Le même spécialiste a souligné que le cancer du col utérin était asymptomatique et que la seule manière de le dépister était d'associer deux types de tests : frottis et test ADN du HPV. Ce qui ne se fait pas à temps en Algérie en raison de manque de moyens et de sensibilisation des personnes concernées. Pour le conférencier, pour réduire la mortalité liée au HPV, il faut généraliser la vaccination préventive contre ce genre d'infections. Il s'agit, a-t-il assuré, d'une thérapie suffisamment élaborée pour protéger à hauteur de 70% les femmes exposées à de telles infections graves. Malheureusement, cette vaccination, qui se pratique en Europe depuis de longues années, n'est même pas introduite en Algérie. Elle n'est pas commercialisée. Pour le docteur Boudriche, il est urgent de rattraper le retard en lançant à la fois le dépistage et la vaccination préventive pour réduire l'ampleur de cette maladie. En plus de la prévention contre ce cancer, un autre spécialiste attire l'attention sur le condylome génital, causé par le HPV non oncogène, dont la fréquence est plus importante. Selon le professeur Baker Bouadjar du CHU de Bab El Oued, cette maladie touche entre 75 000 et 100 000 personnes annuellement. Le professeur Bouadjar a indiqué que le seul moyen préventif est d'effectuer des bilans réguliers ainsi que des tests de sérologie chez les malades atteints de condylome. Car, a-t-il précisé, il s'agit d'une infection sexuellement transmissible. En plus de ce professeur, bien d'autres spécialistes ont insisté sur la nécessité d'approfondir les recherches cliniques chez les malades et de prospecter d'éventuelles atteintes cancéreuses associées aux condylomes. L'avantage est que les traitements contre ce type d'infection sont disponibles en Algérie, citant notamment la cryothérapie (traitement par le froid), le laser et la chirurgie. Mais prévenir est toujours mieux que guérir…