L 'EHS spécialisé Fernane Hanafi de Oued Aissi a accueilli, la semaine dernière, la 13e journée de psychiatrie sous le thème «Danger et dangerosité, l'impact social, professionnel et juridique». Une vingtaine de communications riches et animées ont été présentées par des spécialistes de la santé mentale venus d'Annaba, Constantine, Sétif, Blida, Alger et Tizi Ouzou. «On n'a pas choisi ce thème de danger et de dangerosité par hasard tellement qu'ils ont un impact quasi quotidien sur la vie sociale, professionnelle et juridique. La résonance psychiatrique est de mise dans ces deux termes», a indiqué Dr Benabdellah, psychiatre, président du comité d'organisation. «Dangereux pour lui-même et pour l'ordre public, cette allocution est très souvent demandée au psychiatre qui porte une lourde responsabilité dans sa finalité et ce, que ce soit dans les placements administratifs ou judiciaires», a-t-il ajouté. «Ainsi, la dangerosité criminelle est souvent associée à des troubles mentaux. Par troubles mentaux on entend un défaut fondamental d'intégration de l'édifice civilisationnel et culturel humain instituant un ordre qui vise schématiquement à assurer plus de sécurité dans le groupe en imposant des restrictions à la liberté individuelle», explique-t-il. L'intervenant a fait savoir que la violence et les crimes pouvant être attribués à la maladie mentale ne représentent en réalité qu'une faible proportion de la criminalité générale. «La plupart des malades mentaux ne commettront jamais d'infractions graves et seront plus probablement les victimes d'autrui. Les violences des malades et handicapés mentaux concernent souvent leurs proches contrairement aux clichés véhiculés par certains médias, cinéma ou littérature. Nous comprenons alors que le psychiatre est de plus en plus sollicité pour éclairer les autorités administratives et judiciaires, évaluer la dangerosité et mettre en œuvre des protocoles de soins et de réhabilitation», souligne Dr Benabdellah. Pour Dr Mahmoud Boudarène, les comportements dangereux et la dangerosité sont une conséquence du désordre social et institutionnel. Parmi les facteurs à l'origine de l'émergence de la dangerosité sociale en Algérie, il citera le mode de gouvernance, la pauvreté, les inégalités sociales, l'injustice, la crise morale, la corruption, le manque de liberté et un climat social délétère. Pour étayer son constat, le conférencier rappellera que 38 323 personnes ont été arrêtées depuis le début de l'année 2012, soit une hausse de 8,16%. «Contrebande, trafics d'armes et de stupéfiants, contrefaçon, vols, immigration clandestine, les chiffres communiqués par la gendarmerie nationale dénotent d'une hausse inquiétante de la criminalité», alerte Dr Boudarène. Les autres thèmes développés par les conférenciers lors de cette rencontre scientifique ont trait à la dangerosité en pratique psychiatrique, les conduites agressives, les violences.