La commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) a auditionné, hier, Omar Ghrib (coordinateur de la section football), Djamel Menad (entraîneur), Réda Babouche et Faouzi Chaouchi (joueurs) dans le cadre de «l'affaire MC Alger». Kamel Amrouche (président du conseil d'administration de la SSPA/MC Alger) ne s'est pas présenté devant la commission. Son audition a été reportée à demain. La commission de discipline devait communiquer les sanctions dans la même journée. Elle ne l'a pas fait «pour des considérations liées à la gravité de l'affaire et à l'absence du premier responsable du club», a indiqué une source proche de la LFP. Absent pour des raisons non précisées par la ligue, Kamel Amrouche sera entendu demain. Ce n'est qu'à l'issue de son passage devant elle que la commission de discipline communiquera les attendus de cette affaire. Que retenir des auditions de la journée d'hier ? Ecoutons une gorge profonde très bien renseignée sur le dossier : «Les deux joueurs (Babouche, Chaouchi) et l'entraîneur (Menad) devraient écoper d'une sévère suspension. Les rapports des officiels du match (arbitre et délégué) sont accablants. Ils ont tenu des propos diffamatoires à l'égard des responsables et officiels de la fédération, insulté les officiels du match.» Le commissaire du match et de la FAF a désigné Djamel Menad comme «le principal instigateur de ce qui s'est passé à la fin de la partie». L'officiel a, lourdement, chargé le technicien et ancien international. Sur la base de ces rapports, la commission juridictionnelle va s'appuyer sur le code disciplinaire pour sanctionner les trois personnes. Faouzi Chaouchi risque d'écoper d'une suspension de 12 à 15 matches. Son capitaine Babouche n'est pas mieux loti. Quant à l'entraîneur Djamel Menad, il y a à craindre qu'il sera interdit de banc durant plusieurs mois. Les «explications» avancées par les deux joueurs et le coach «n'ont pas convaincu les membres de la commission. Les rapports des officiels les ont accablés», a soufflé un proche du dossier. Interrogé sur l'arsenal règlementaire utilisé pour traiter cette affaire, notre interlocuteur affirme : «Beaucoup ont spéculé sur cet aspect au motif qu'il s'agit d'un cas non prévu dans les règlements généraux ou de la compétition (Coupe d'Algérie) proprement dite. Au contraire, il existe un article dans le code disciplinaire de la FAF qui permet de traiter ce type de situation. C'est l'article 123 du titre 3, chapitre dispositions finales qui stipule que les cas non prévus par le présent code disciplinaire (juillet 2011) seront traités conformément aux dispositions prévues par les commissions de discipline de la CAF et de la FIFA.» La commission de discipline a pris appui sur cet article pour «trouver la parade» à ce cas non prévu. L'article 144 du code disciplinaire de la FIFA au chapitre «portée du code, cas non prévus, coutume, doctrine et jurisprudence» qui stipule à l'alinéa 2 : «Pour les cas non prévus dans le présent code, les autorités juridictionnelles se prononcent selon la coutume associative et, à défaut de coutume, selon les règles qu'elles établiraient si elles avaient à faire acte de législateur». L'article 29 de la charte olympique consacré aux fédérations nationales ouvre la voie au recours aux règlements de la fédération internationale sur la base de cet article qui précise : «Pour être reconnue par un comité national olympique (CNO) et être acceptée comme membre de ce CNO, une fédération nationale doit exercer une activité sportive spécifique, réelle et durable, être affiliée à une fédération internationale reconnue par le CIO et être régie par et se conformer dans tous ses aspects à la charte olympique ainsi qu'aux règles de sa fédération internationale». Et Omar Ghrib dans tout cela ? Lui aussi s'est «expliqué» sur ce qui s'est passé mercredi à la fin de la finale MCA-USMA (0-1). A priori, il n'a pas d'avenir dans le football. La proposition de sa radiation à vie du mouvement sportif national semble acquise. Le forcing qu'il a mené ces dernières heures pour sauver sa tête sera vain. La commission de discipline joue sa crédibilité et son honneur sur ce cas précis. Pour tenter de le sauver, l'entourage de Sonatrach pense avoir trouvé la parade en affirmant : «Il n'est structuré nulle part, donc il ne peut faire l'objet d'une quelconque sanction.» Bien au contraire, son cas est le plus simple à régler. La commission de discipline joue sur du velours et doit décréter qu'il est persona non grata et fermer le dossier définitivement. C'est ce qu'a fait l'UEFA en 1971 lors du scandale de la tentative de corruption de l'arbitre portugais (Marques) du match derby County-Juventus en demi-finale de la Coupe d'Europe. Sur dénonciation de l'arbitre, l'UEFA a déclenché une enquête qui a révélé qu'effectivement l'homme en noir a été approché par un individu affirmant agir au profit de la Juventus. L'individu indélicat a été identifié et déclaré «persona non grata» à vie du football. Le retard dans l'annonce des sanctions a, fort logiquement, ouvert la voie à toutes les spéculations. Ce qui ajoute à la confusion qui règne sur le sujet depuis le 1er mai. En fin de journée, une rumeur s'est répandue à Alger faisant état d'une directive émanant «d'en haut» qui «préconise les circonstances atténuantes au profit du MCA pour la tenue exemplaire de ses supporters avant, pendant et après la finale». Affaire à suivre.