Nous ne savons ni lire ni écrire. Nous continuons à souffrir, pourtant l'Etat nous avait remis des armes à feu pour défendre cette zone forestière contre les hordes criminelles. Nous sommes victimes des vols de nos cheptels. Nous ne mangeons pas à notre faim et nous arrivons difficilement à trouver de l'eau pour boire. Nos enfants souffrent pour aller à l'école. Nous vivons l'enfer si un membre de notre famille doit être évacué vers la polyclinique de Menaceur. Le P/APC qui se trouve à côté de vous nous méprise et refuse de nous recevoir. Quand il neige, nous sommes confrontés aux pires difficultés. Nous vivons sous terre, dans des maisons qui menacent ruine. Néanmoins, nous remercions le wali qui s'est déjà rendu chez nous à deux reprises et de vous avoir fait venir jusqu'à notre hameau. Nous ne pouvons plus supporter ce désespoir », tels sont les mots prononcés par un groupe de citoyens d'une agglomération rurale enclavée, face à Benaïssa Rachid, ministre délégué chargé du Développement rural en visite hier sur les lieux. Il s'agit des douars Bouyacoub et Bouharb, de la commune de Menaceur, limitrophe avec les maquis de la wilaya de Aïn Defla. C'est dans une superficie de 300 hectares que vivent 130 ménages. A la suite de la visite du chef de l'exécutif de la wilaya de Tipaza, au milieu de ce décor naturel impitoyable, des décisions urgentes avaient été prises dans le cadre du Programme de proximité du développement rural (PPDR). En effet, des actions ont été engagées pour le revêtement d'une route qui relie Bouharb à Temloul pour un montant de 36 millions de dinars, la construction de 3 classes pour un montant de 7,5 millions de dinars, l'aménagement de piste sur une distance de 26 km pour un montant de 7,5 millions de dinars. En outre, dans le cadre du PNDA, un investissement global de 31 millions de dinars a été engagé, dont 24 millions dans le cadre du FNDRA. Quant aux actions à usage collectif d'un montant global évalué à 23,7 millions de dinars qui restent à réaliser se résument au captage et à l'aménagement de sources, d'une correction torrentielle de 6000 m3, d'une construction d'une salle de soins, la fixation de berges sur 10 ha et la confection de banquettes sur 10 ha. Certains citoyens se plaignent de la mise en fourrière de leurs camionnettes bâchées par les services de l'administration des forêts. Un groupe de citoyens s'est confié à nous : « Nous continuons à couper les arbres de ces massifs qui entourent pour produire du charbon. La vente du charbon au kilogramme est notre unique source de revenus pour faire vivre nos enfants, autrement, et vous pouvez l'écrire, nous allons mourir de faim. Voyez-vous dans quelles conditions nous menons notre vie ? », concluent-ils. Le membre du gouvernement, qui s'était arrêté de son propre gré, a tenu à saluer le courage de ces citoyens qui sont demeurés dans cette zone rurale : « Vous êtes forts, l'Etat a assez d'argent pour engager des projets utiles pour vous en premier lieu. Seulement, cette action devra être menée avec le consentement de tout le monde, vous devez vous impliquer », enchaîna-t-il. A l'issue de sa visite qui l'avait conduit au niveau de plusieurs sites des zones rurales déshéritées, pour vérifier l'état d'avancement des projets, engagés depuis ces dernières années, relatifs aux secteurs des travaux publics, de l'hydraulique, de l'habitat, des forêts et de l'agriculture, le ministre délégué chargé du Développement rural avait présidé une séance de travail qui s'est achevée tard dans la soirée, en mettant l'accent sur l'importance de la communication et de l'information en direction des populations rurales pour les sensibiliser sur les perspectives du projet de développement rural intégré, afin de favoriser le retour des citoyens vers ces zones rurales abandonnées depuis les années 1990, à cause des actes terroristes perpétrés par les hordes criminelles et l'insécurité qui régnait.