Dans une conférence de presse improvisée hier en marge de la séance d'interrogations du gouvernement par les membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC), le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a fait part aux médias de «l'arrestation hier matin d'un djihadiste qui était au maquis du mont Chaâmbi et s'est faufilé pour se cacher dans un quartier populaire de la ville de Kasserine». Tunis. De notre correspondant
M. Ben Jeddou a également rappelé l'information ayant circulé la veille sur l'arrestation d'un certain Kaaboura, bailleur de fonds des djihadistes, du côté de la ville de Jendouba. Tous les liens de financement convergent vers cette personne. Le ministre tunisien de l'Intérieur a, par ailleurs, confirmé la présence d'une dizaine d'Algériens parmi la vingtaine de maquisards au mont Chaâmbi, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Cette présence algérienne est également pressentie dans le maquis des hauteurs du Kef. «Il s'agit de membres de la cellule Okba Ibn Nafaâ, bras présumé d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) en Tunisie, qui a été démantelé depuis décembre 2012», a indiqué le ministre. M. Ben Jeddou a précisé que «pour faire face aux mines de fabrication traditionnelle, les forces de l'ordre et l'armée nationale feront appel aux experts algériens, plus aguerris dans ce domaine». L'opposition n'est pas satisfaite de la réaction du gouvernement contre la propagation du fléau salafiste. Cette insatisfaction a été proclamée hier à l'ANC par le porte-parole d'Al Massar, Samir Taïeb, qui a fustigé le discours violent de plusieurs imams incitant à la haine et à la violence. Le député a accusé le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khadmi, de contribution à la propagation de ce mal, le qualifiant même d'islamiste radical et considérant que sa politique a favorisé la montée du fléau salafiste djihadiste. Pour sa part, le leader et député d'Al Joumhouri, Ahmed Néjib Chebbi, a posté hier sur sa page facebook une mise en garde contre le terrorisme, qui est en train de gagner du terrain en Tunisie. «Les événements sanglants que vit la région de Chaâmbi aujourd'hui ne sont que la partie visible de l'iceberg car la partie cachée, et la plus dangereuse, se trouve dans les quartiers populaires des grandes villes. Ce gouvernement ne nous dit pas toute la vérité et le jour où ça va nous exploser au visage, il sera trop tard. Nous avons déjà tiré la sonnette d'alarme depuis plus d'un an en ayant laxisme et déni pour seule réponse», a écrit Chebbi, qui a conclu en appelant à «une réunion urgente regroupant les représentants du gouvernement, de l'armée, de la police et des partis qui est nécessaire pour établir une stratégie nationale afin de faire face aux menaces du terrorisme».