Après la Banque mondiale qui a banni SNC-Lavalin de ses appels d'offres pour une période de 10 ans à cause d'affaires de corruption au Bengladesh, la firme d'ingénierie canadienne risque de subir le même sort dans son propre pays, selon le quotidien montréalais La Presse. Le même cas pourrait être réservé à une autre entreprise d'ingénierie, Dessau. Les deux compagnies tombent sous le coup d'une nouvelle loi québécoise sur «l'intégrité en matière de contrats publics» entrée en vigueur il y a six mois. Elles risquent d'être exclues des appels d'offres publics au Québec pour cinq ans, en raison de malversations commises au Canada. «Six dirigeants, dont l'ancien président, ont été arrêtés et accusés, l'entreprise a reconnu avoir payé 56 millions en commissions secrètes et le vice-président a avoué à la commission Charbonneau que SNC-Lavalin avait participé à la collusion dans les contrats publics à Montréal jusqu'en 2009», a résumé un député québécois à l'Assemblée nationale «en exigeant que les firmes SNC-Lavalin comme Dessau remboursent l'argent versé en trop par les contribuables», ajoute la même source. Le Québec vit, depuis mai 2012, au rythme des travaux d'une commission qui enquête sur la corruption dans le secteur de la construction connue sous le nom de la commission Charbonneau, du nom de la juge qui la préside. Transmises en direct à la télévision, ses audiences ont révélé l'ampleur du phénomène et son étendue dans la province. Les travaux devraient durer jusqu'en avril 2015. Un ancien vice-président de Dessau, Rosaire Sauriol, a reconnu, devant cette commission, que sa compagnie avait produit pour près de 2 millions de dollars en fausses factures et qu'elle avait participé au financement illégal de partis politiques. Après ce témoignage en mars dernier, il a démissionné de son poste avant d'être arrêté la semaine dernière. Le gouvernement du Parti québécois (indépendantiste) avait fait de cette loi une fierté. Elle a été le premier texte soumis au Parlement après son élection pour marquer une rupture avec l'ancienne équipe du Parti libéral qui dirigeait le Québec. Le mandat de cette dernière a été marqué par des scandales de corruption. La taille de SNC-Lavalin, qui emploie 5000 personnes au Québec, dont 1000 ingénieurs, et 16 000 autres à travers le monde, pose un vrai problème au gouvernement local s'il lui applique rigoureusement la nouvelle loi en l'excluant des ses appels d'offres. La même situation se pose avec Dessau qui emploie 5000 personnes au Québec et 1000 à l'étranger. En Algérie, SNC-Lavalin est présente depuis les années 1970 avec la construction de la cimenterie de Meftah, puis, entre autres, le sanctuaire du Martyr et la centrale électrique de Hadjret Ennous, dans la wilaya de Tipasa. Dessau est présente en Algérie, depuis 2003. Elle a obtenu, entre autres, la gestion du projet de la Grande mosquée d'Alger ainsi que l'assistance à la maîtrise d'ouvrage (AMO) pour la construction de l'autoroute de 1200 km.