Deux ans après le séisme qui avait paralysé leur production, les constructeurs d'automobiles japonais ont mis le pied au plancher et tablent sur une demande soutenue aux Etats-Unis et en Asie. Le rapide recul du yen a nettement augmenté leurs profits, d'après les résultats financiers annuels publiés ces derniers jours. Le président de l'Association des constructeurs d'automobiles du Japon, Akio Toyoda, (aussi PDG du groupe Toyota), s'est félicité de cette «santé retrouvée», lundi, lors d'une conférence de presse. Il y a vu un effet de la politique économique du gouvernement, qui a entraîné une forte dépréciation du yen, ainsi qu'une conséquence de la reprise américaine et le résultat «des efforts des entreprises» pour doper leur rentabilité après une série d'épreuves entre 2008 et 2011. «Les bonnes perspectives du secteur automobile japonais sont largement dues à la dépréciation du yen», souligne Tatsuya Mizuno, expert du secteur. Après des années de cherté de la devise japonaise, cette dévaluation de fait (25% vis-à-vis du dollar en six mois) a été provoquée par une politique monétaire beaucoup plus accommodante de la part de la Banque Centrale du Japon (BoJ), sous la pression du nouveau Premier ministre conservateur, Shinzo Abe. Avec ce yen plus faible, les voitures «made in Japan» sont plus compétitives à l'étranger et les recettes engrangées en devises, hors de l'archipel, rapportent plus, une fois converties en monnaie japonaise. Le premier constructeur japonais a retrouvé, en 2012, la position de numéro un mondial, après avoir été doublé, l'année précédente, par l'américain, General Motors, et l'allemand, Volkswagen. Comme ses compatriotes, Toyota avait collectionné les ennuis durant quatre ans : crise financière internationale de 2008-2009, ascension historique du yen entre 2008 et 2012, séisme au Japon en mars 2011, inondations en Thaïlande à l'automne 2011. Le géant de Nagoya (centre) avait, en outre, subi l'impact d'une crise sans précédent, de rappels pour défauts techniques de millions de véhicules aux Etats-Unis, fin 2009-début 2010. Cette série infernale semble terminée : du 1er avril 2012 au 31 mars 2013, Toyota a triplé son bénéfice net qui a atteint l'équivalent de 9 milliards d'euros. Il vise pas moins de 11,42 milliards d'euros en 2013-2014. Le numéro deux japonais en volume, Nissan, dont le français Renault est le premier actionnaire, a fait moins bien, particulièrement touché par les conséquences d'un conflit territorial sino-japonais sur le marché chinois, celui où il vend le plus de véhicules. La nationalisation nippone, en septembre, d'îles revendiquées par Pékin, a entraîné d'importantes manifestations en Chine, parfois marquées par des destructions de voitures de marque japonaise. Les clients chinois ont alors réduit leurs achats de ces véhicules, bien que le pire semble passé. Nissan a, de surcroît, été touché par la morosité du marché en Europe, en pleine cure d'austérité. Son bénéfice net a stagné à l'équivalent de 3,21 milliards d'euros, mais il vise mieux en 2013-2014, avec 3,44 milliards d'euros, grâce à de meilleures ventes et à la dépréciation du yen. Le bénéfice net du troisième représentant du «big three» japonais, Honda, a bondi, pour sa part, de 73,6%, à quelque 3,5 milliards d'euros, et pourrait encore grimper en 2013-2014, à 4,83 milliards d'euros. Parmi les autres constructeurs nippons, Suzuki a dégagé des profits records en 2012-2013 et espère renouveler l'exploit cette année, Mitsubishi Motors a élevé de plus de moitié son bénéfice net et vise une nouvelle amélioration d'un tiers et Mazda est repassé dans le vert pour la première fois depuis cinq ans. Pour la période à venir, les constructeurs japonais attendent une progression de leurs affaires sur les marchés nord-américains et d'Asie du Sud-Est, un rebond en Chine et une stabilisation en Europe. Au Japon, leurs ventes pourraient profiter d'une accélération des achats avant la hausse prévue de la TVA, au printemps 2014.