Toyota a fait état hier d'une chute de 47,6% de son bénéfice d'exploitation trimestriel, un repli qui s'explique à la fois par une baisse des ventes au Japon et par la vigueur du yen, tout en relevant ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice 2010-2011. Parmi ses rivaux nippons, Honda a lui aussi publié des résultats en recul pour la période octobre-décembre et ceux de Nissan devraient également s'inscrire en repli. Mais le bénéfice du premier constructeur automobile mondial devrait s'avérer le plus en berne en raison de son exposition aux exportations et au marché japonais. "Par rapport aux autres constructeurs japonais, Toyota a une plus grande exposition à son marché intérieur et par conséquent est plus sujet à l'impact négatif de la faible croissance économique du pays", a noté Kazuyuki Terao, de RCM Japan. Toyota a exporté plus de la moitié de ses véhicules produits au Japon l'an dernier, enregistrant une perte sur la vente de nombre d'entre eux, le dollar évoluant bien en deçà de la barre de 90 yens nécessaire, selon son président Akio Toyoda, pour permettre au secteur industriel japonais de rester compétitif. Pour l'ensemble de son exercice 2010-2011, le groupe a porté sa prévision de bénéfice opérationnel de 380 milliards de yens, chiffre qui était de toute manière jugé excessivement conservateur, à 550 milliards de yens (4,9 milliards d'euros). Entre avril et décembre, le groupe japonais a écoulé 6,2% de véhicules supplémentaires, grâce à des ventes dynamiques à l'étranger (+8,6%), notamment dans les pays émergents d'Asie, ses affaires stagnant sur le marché japonais (+0,1%). Cette amélioration a permis d'augmenter de 5% son chiffre d'affaires, à 14.351 milliards de yens (128,1 milliards d'euros), et entraîné, grâce à une rationalisation des circuits de vente du groupe et d'autres réductions de coût, des profits nettement supérieur. Amputé sur un an d'une somme évaluée à 220 milliards de yens (près de 2 milliards d'euros) par des taux de change défavorable, le bénéfice d'exploitation de Toyota s'est pourtant élevé à 422,2 milliards de yens, huit fois plus que l'an passé à pareille époque. La devise japonaise flambe depuis l'été 2010, ce qui réduit la valeur des profits dégagés par Toyota à l'étranger lors de leur rapatriement dans l'archipel et leur conversion en yens. Quadruplé, son bénéfice net a atteint pour sa part 382,8 milliards de yens (3,42 milliards d'euros). "Nous améliorons largement nos profits, prenons le pas sur l'augmentation rapide du yen et sommes bien sur la voie de la reprise", s'est félicité un directeur de Toyota, Takahiko Ijichi, lors d'une conférence de presse. Sévèrement atteint par la chute du marché automobile lors de la récession mondiale, la firme avait subi une lourde perte nette de 437 milliards de yens lors de l'exercice 2008/09, avant de bénéficier d'un certain redémarrage de l'économie l'année suivante (2009/10), bouclée sur un profit net équivalent à la moitié. Pour l'année budgétaire en cours (avril 2010-mars 2011), Toyota a de nouveau relevé ses prévisions financières, sur la base de meilleures ventes de véhicules attendues (70.000 de plus qu'espérées au départ) et d'un taux de change moins défavorable que redouté (86 yens pour un dollar sur l'ensemble de l'exercice, contre 85 estimés au mois de novembre). Il prévoit désormais un bénéfice net de 490 milliards de yens, contre 350 milliards escomptés jusqu'à présent, un profit opérationnel de 550 milliards de yens (contre 380 milliards) et un chiffre d'affaires de 19.200 milliards (19.000). Le géant basé dans la région de Nagoya (centre du Japon) a essuyé l'an passé l'une des pires crises de son histoire, rappelant fin 2009 et début 2010 près de neuf millions de voitures dans le monde pour divers soucis techniques, notamment des pédales d'accélération pouvant rester bloquées. L'image de Toyota en a particulièrement souffert aux Etats-Unis, concernés par la majorité des rappels, et ses ventes y stagnent depuis alors que la plupart de ses concurrents y prospèrent. Nous ne savons pas dans quelle mesure nos ventes ont été affectées, mais comme notre part du marché (américain) n'a pas beaucoup baissé et reste autour de 14-15%, je pense que la moitié des blessures ont été guéries", a évalué M. Ijichi. Signe que le rétablissement de Toyota reste pourtant fragile, ses affaires ont peiné lors du dernier trimestre en date (octobre à décembre): son bénéfice net a reculé de 39%, à 93,6 milliards de yens, son bénéfice d'exploitation de près de moitié, à 99 milliards, et son chiffre d'affaires de 11,7%, à 4.673 milliards. Ses ventes ont notamment décru au Japon après l'arrêt, en septembre, de subventions gouvernementales pour l'achat de voitures "écologiques". Son modèle vedette Prius hybride (motorisation à essence + électricité), a perdu en janvier la première place des ventes dans l'archipel qu'elle occupait depuis 20 mois.