La présence de ces deux authentiques moudjahidine, mardi dernier, au complexe culturel du Chenoua (Tipasa), en l'occurrence Gaïd Tahar et Ghebalou Hamimed, médersiens et acteurs historiques qui avaient participé activement aux démarches ayant précédé l'appel du 19 mai 1956, avait donné une dimension très importante à la conférence. Des témoignages émouvants, de surcroît réels, relatés par Gaïd Tahar, qui était le responsable de 5 cellules clandestines du MTLD. «Il y avait 21 militants éparpillés dans les 5 cellules clandestines», précise Gaïd Tahar, qui est également l'un des membres fondateurs de l'UGTA. Depuis la réunion tenue le 23 octobre 1954 à La Casbah d'Alger, dans la maison de l'oncle de Lounis, l'autre militant, les deux médersiens ne se sont pas revus. Gaïd Tahar et Ghebalou Hamimed se sont relayés pour apporter leur témoignage sur la préparation de l'appel du 19 mai 1956. Les étudiantes du centre universitaire de Tipasa venues en grand nombre, ainsi que les citoyens venus d'Alger, de Bou Ismaïl, Hadjout et Tipasa avaient apprécié les menus détails fournis par les deux moudjahidine encore en vie. Ghebalou Hamimed s'est étalé avec une incroyable lucidité, d'une manière pédagogique et chronologique, sur moult péripéties, lors de ses interventions. D'ailleurs, il avait surpris son ancien chef, Gaïd Tahar, alias Abdelmoumène. Celui-ci apportait à son tour d'autres précisions. Les récits truffés de faits historiques vrais avaient été suivis dans un silence religieux par l'assistance. Le rôle du visionnaire et du grand stratège de la Révolution algérienne, Abane Ramdane, avait été une fois de plus évoqué par les deux médersiens, rappelant aussi le rôle de leur ami chahid, Amara Rachid, alias Mustapha. Ghebalou Hamimed est aujourd'hui l'unique survivant des dix médersiens volontaires choisis par Abane Ramdane pour rejoindre les maquis des zones 3, 4 et 5, en qualité d'éclaireurs. «Je parlerai uniquement de ce que j'ai vécu, déclare Ghebalou Hamimed, d'autant plus avec la présence de notre ancien chef des cellules, avant notre affectation dans les maquis afin que vous sachiez que l'appel du 19 mai avait été longuement préparé par Abane Ramadane.» Le frère de la chahida, Malika Gaïd, intervient à son tour, pour préciser les raisons qui l'avaient empêché de rejoindre le maquis au même titre que les autres étudiants. «J'avais été arrêté par la police coloniale qui nous suivait partout», dit-il. Les deux conférenciers rappellent les objectifs recherchés par Abane Ramdane, quand il avait décidé d'envoyer Amara Rachid accompagné de Braham Mezhoudi et par la suite Saâd Dahleb à la rencontre de Zighout Youcef, après l'attaque héroïque dans le Nord constantinois.