Eu égard à l'importance du déficit enregistré dans la wilaya dans la production laitière, l'Etat a initié, pour remédier à la situation, une politique de développement et de promotion de la filière lait, basée sur l'importation de vaches laitières. Cette politique, qui consiste à rendre à la filière lait ses lettres de noblesse par le repeuplement des étables ayant été mises à mal par la sécheresse, l'exode rural et d'autres facteurs défavorables, existe, selon une source proche du secteur agricole depuis 2000, mais les moyens mis par l'Etat pour l'accompagner dans sa mise en œuvre n'ont pas suivi et ce projet porteur s'en est trouvé bloqué. Le blocage, comme on peut s'en douter, se situe au niveau de la BADR. Cette banque, échaudée par son expérience avec les agriculteurs mis, par une décennie de sécheresse, dans l'incapacité de rembourser les crédits qu'elle leur a accordés dans le cadre du FNRDA, était devenue méfiante à l'égard de solliciteurs de crédits qui se présentent à ses guichets sous le couvert du créneau agricole. C'est ainsi qu'entre 2000 et 2004, 300 demandes de crédits agricoles demeuraient coincées. En réaction à cette situation de blocage, qui a provoqué la lancée de boucliers de nombre d'entre eux, dont les activités dépendaient absolument de ces crédits, les agriculteurs ont exigé de la tutelle la création d'une banque agricole. Jugeant cette demande d'autant plus légitime que les enjeux tournaient autour du développement rural durable, cher à ses instituteurs, la tutelle a fini par accueillir favorablement cette revendication en mettant en place une caisse mutuelle agricole au sein même de la CNMA. Allant plus loin encore, selon notre source, elle a assaini la situation financière des agriculteurs vis-à-vis de la BADR. L'annonce, que les agriculteurs peuvent de nouveau prétendre, avec une grande facilité, à des crédits auprès de la BADR et que la politique de développement rural durable a intégré dans sa stratégie également la filière lait, a provoqué un fort engouement dans le monde rural qui est essentiellement agricole. C'est ainsi que suite à une correspondance émanant de la Chambre nationale agricole donnant le feu vert pour le recensement des éleveur désireux d'augmenter leur cheptel bovin par l'importation de génisses pleines ou gestantes, dont le module est fixé au minimum à 12 vaches laitières, la Chambre d'agriculture de Bouira a, d'après la même source, enregistré en quelques mois quelque 226 demandes pour l'acquisition de 3467 vaches laitières d'importation. Le choix des éleveurs pourra ainsi se porter sur trois sortes de vaches laitières : la pie-rouge ou Monbeliard, la pie-rouge Holstein, la pie-noire ou frisonne française et la pie-noire Holstein. Mais, nous assure notre source, les éleveurs semblent avoir déjà jeté leur dévolu sur la pie-noire ou frisonne française, en raison de sa grande capacité à produire du lait et de sa capacité d'acclimatation dans nos régions. Mais d'ores et déjà, l'on croit savoir que c'est la France qui a été retenue comme fournisseur des vaches à importer. Le prix de la génisse (pleine ou gestante) oscille entre 18 et 20 millions. Le crédit est fixé à 85%, alors que l'apport de l'éleveur est de 15%. Le soutien de l'Etat vient en appoint au crédit avec un taux de bonification d'intérêt de 4% pour un montant plafonné à 250 millions. Au-delà de ce chiffre, la bonification est retirée. Ce soutien de l'Etat concerne l'acquisition du matériel d'élevage laitier à hauteur de 30%, avec la bonification que l'on sait. Le crédit est remboursable dans cinq ans à partir du moment où il est accordé. Le besoin en lait cru est, selon notre source, de 350 000 l/j pour la wilaya. Les quelque 30 000 vaches donnent à raison de 5 l chacune une production estimée à 150 000 l/j. Avec le cheptel d'importation dit bovin laitier moderne (BLM) qui donne 20 l/j par unité, à la différence du bovin local (BL), qui donne 5 l/j par unité et du bovin local amélioré (BLA) qui fournit 10 l/j par unité, il est évident que la production laitière dans la wilaya, confrontée à un déficit en lait important, va être portée à un niveau non négligeable.