La Bibliothèque nationale d'Algérie (BN) à Alger vient d'inviter l'ancien ministre du Commerce, Smaïl Goumeziane, pour animer une conférence sur Ibn Khaldoun intitulée « Ibn Khaldoun, le génie maghrébin ». Ce dernier est connu pour être un des précurseurs de plusieurs disciplines, à l'exemple de l'histoire et de la sociologie. Cependant, le conférencier a axé son intervention sur l'apport de ce penseur aux sciences économiques. Volet « moins connu » des travaux de l'auteur, entre autres L'introduction à l'histoire universelle. En résumé, pour Smaïl Goumeziane, Ibn Khaldoun est « le père de l'économie moderne et dont les recherches ont pour centre, l'homme ». Pour Ibn Khaldoun, à entendre l'intervenant, l'économie est régie par « six principes », à savoir « l'homme cherche à satisfaire ses besoins, d'où son souci de trouver des solutions en conséquence ». « Aussi, il est fait pour vivre en société. Comme ses besoins sont en évolution permanente ». Suit le fait que « l'homme perfectionne les arts et les métiers ». Dans toute cette lutte sempiternelle pour la vie ou la survie, « les hommes ont des intérêts opposés. D'où la nécessité d'un régulateur pour les équilibrer ». Dernier principe relevé, « la vie sociale génère des injustices ». Cela dit, indique la même voix : « Ibn Khaldoun, observe que le travail est à l'origine de toutes les richesses » et « permet à l'homme de gagner sa vie et sans travail il n'y a pas de profit. Il est le premier à parler de la division du travail et de l'interdépendance et de la complémentarité des métiers ». Entre temps, il insiste sur la nécessité de s'investir dans le « progrès technique et scientifique sans lequel la société ne peut pas satisfaire ses besoins. Il est aussi le premier à plaider en faveur de la protection et du développement de la propriété privée, indispensable pour créer des richesses ». Dans ces travaux, le même esprit, il distingue trois sortes de « revenus productifs », il s'agit du « profit de subsistance, ce qu'on appelle le salaire aujourd'hui, le profit capital qui sert à l'investissement et le bénéfice commercial » Ainsi, Ibn Khaldoun voit que les paysans, les artisans et les commerçants créent des richesses, contrairement aux politiques et aux religieux, entre autres qui tirent leurs revenus du travail des autres. Ibn Khaldoun a évoqué aussi les règles du marché, la régulation économique, le fisc, la spéculation, la rente, la concurrence déloyale, notion qu'« on retrouve chez les théoriciens économiques occidentaux, à l'exemple d'Adam Smith,Ricardo, Marx et Keynes. Ce même intervenant estime que les souverains maghrébins de l'époque n'ont pas pris en considération les travaux économiques d'Ibn Khaldoun, d'où la décadence de leurs dynasties qui se termine par la colonisation de la région par les puissances étrangères. Une telle situation de décadence est prévue par Ibn Khaldoun, un penseur en avance sur son temps et un visionnaire.