Le regain des activités sismiques constaté ces derniers temps dans le nord du pays, notamment à Béjaïa, n'a rien d'anormal, selon les experts du Craag. Les dernières secousses ont fragilisé davantage le vieux bâti à Béjaïa et les habitants attendent une intervention urgente des autorités. Béjaïa, Médéa, Djelfa, puis encore Béjaïa. En l'espace d'une semaine seulement, de nombreuses secousses telluriques, de magnitude plus ou moins importantes, ont été ressenties à travers le pays. Entre traumatismes, manque d'information et superstition, la psychose s'est installée au sein de la population. La crainte d'un séisme de plus grande ampleur revient sur toutes les lèvres. Pourtant, scientifiquement, cette activité «modérée» ne signifie pas la survenue d'un séisme majeur, comme l'explique Mohamed Hamdache, chercheur au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag). «Il n'y a aucune méthode scientifique qui puisse prédire de l'occurrence d'un séisme à un point ou un autre. De même, de nombreuses secousses modérées ressenties durant une période réduite n'induisent pas automatiquement l'occurrence d'un séisme de plus grande ampleur. D'autant plus que, au vu de l'historique sismique de la région, il n'y a aucun changement quantitatif et qualitatif de l'activité», insiste le chercheur. «Et cela n'a aucun rapport avec les mois de mai ou d'octobre, la nuit ou le jour, l'été ou l'hiver, ou encore la chaleur ou le froid», poursuit-il, rassurant. L'on sait que le nord du pays est classé zone 3, donc particulièrement exposée aux aléas sismiques. «De prime abord, on constate que cette ‘‘séquence'' n'est pas concentrée dans une région particulière, comme en atteste la configuration géographique des sites touchés», affirme-t-il. «Cela concerne donc l'ensemble du territoire national et tout particulièrement le nord du pays qui est en bordure de la plaque africaine, qui converge vers la plaque euro-asiatique, provoquant une rupture et le dégagement d'énergie que l'on sait», souligne M. Hamdache. Il est ainsi mensuellement enregistré de 70 à 100 secousses telluriques, dont 80% ne sont pas ressenties par la population, et ce, à raison de «2 ou 3 secousses de magnitude entre 3 et 3,5 degrés quotidiennement», affirme quant à lui Abdelkrim Yellès-Chaouche, directeur du Craag. Ce dernier se veut lui aussi rassurant, en déclarant que l'activité sismique en Algérie n'a rien à voir avec celle enregistrée au Japon ou en Indonésie. «Les tremblements de terre à fortes magnitudes comme ceux de Boumerdès en 2003 et d'El Asnam (Chlef) en 1980 sont très rares ou très espacés dans le temps», insiste-t-il. «Ce processus est un phénomène naturel qui se produit de façon permanente. Ce qui est différent, par contre, c'est le fait que ces secousses soient ressenties de plus en plus dans les centres urbains, elles touchent l'ensemble des régions du pays», a-t-il expliqué. Raison pour laquelle MM. Hamdache et Yellès-Chaouche ainsi que le Craag, plus généralement, insistent tout particulièrement sur la manière de réduire les risques sismiques, en œuvrant pour une meilleure prévention que cela, soit en termes de construction antisismique des structures ou encore de sensibilisation aux réflexes à adopter en cas de séisme.