Le nouveau rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques de l'Afrique table sur une croissance de 4,8% en 2013 et de 5,3% en 2014. Marrakech, de notre envoyée spéciale Une croissance qui, selon les estimations de la banque, sera tirée par l'augmentation de la production agricole, le développement des services ainsi que l'augmentation de la production de pétrole et les activités extractives. Cette relative diversification des moteurs de la croissance sera étayée, selon le rapport présenté hier à Marrakech, au Maroc, en marge des assemblées générales de la BAD, par la hausse des apports financiers extérieurs et la reprise de la demande intérieure dopée par la consommation et l'investissement. Les progrès sur le front de l'intégration économique, estiment cependant les rédacteurs du rapport, sont «moins probants». Le document révèle «une mise en œuvre trop lente de cette intégration pour libérer l'extraordinaire potentiel du continent et faire de la croissance naissante un véritable décollage économique». «Pour réussir sur des marchés mondiaux concurrentiels, l'Afrique manque encore de ponts, de routes, de procédures commerciales efficaces capables d'assurer la coordination des politiques publiques», souligne notamment le rapport qui met en évidence, concernant l'Afrique du Nord, l'impact négatif de la lenteur de la transition démocratique sur l'essor économique. Les IDE à destination de l'Afrique devraient conserver par ailleurs, selon le rapport, leur dynamisme en enregistrant une hausse de plus de 10% en 2013 pour s'établir à des niveaux proches de ceux enregistrés en 2008. La BAD met en exergue cependant les risques encourus par le continent africain au regard des facteurs internationaux et intérieurs difficiles à prévoir. Le rapport cite notamment l'atonie persistante de l'économie mondiale, le recul des recettes d'exportation des matières premières, une réduction en volume des autres exportations de marchandises, mais aussi une baisse des recettes touristiques, de l'aide publique au développement, des IDE et des transferts des migrants. Selon certaines estimations, note le rapport, «un recul d'un point du pourcentage du PIB des pays membres de l'OCDE entraîne un déclin du PIB africain d'environ 0,5% et une baisse des recettes d'exportation pour les pays africains proche de 10%». «Une crise plus grave et durable en Europe pourrait rapidement tarir les flux financiers» dont bénéficie l'Afrique, selon la BAD. Celle-ci indique qu'en plus des incertitudes extérieures, l'Afrique comporte ses propres risques. «Deux ans après les révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye, le retour à la stabilité dans la région semble encore lointain et les tensions sociales ne s'apaisent pas.» De façon plus globale, la BAD estime que «tant que la sécurité ne sera pas restaurée en Afrique, les économies de la région resteront vulnérables».