Synthèse de Rabah Iguer L'Algérie a réalisé des «performances distinguées» en matière de croissance de son PIB entre 2000 et 2007, ont indiqué le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), l'OCDE et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique dans un rapport commun publié hier sur le site Internet de la BAD. Dans leur rapport relatif aux perspectives économiques en Afrique publié à la veille des assemblées annuelles de la BAD qui se tiendront les 14 et 15 mai à Maputo (Mozambique), ces trois organisations soulignent que, sur l'ensemble des pays africains exportateurs de pétrole, l'Algérie et l'Angola ont enregistré entre 2000 et 2007 des «performances distinguées» en matière de croissance économique. Cette croissance est «soutenue» et «prolongée», souligne le rapport tout en précisant que les défis de l'Algérie et des autres pays africains exportateurs de pétrole appellent ces derniers à capitaliser les gains engrangés par la hausse des cours de pétrole et à maximiser les retombées positives sur le reste de l'économie. Le rapport indique qu'en ce qui concerne le suivi des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il est confirmé que seuls six pays d'Afrique, pour la plupart en Afrique du Nord, sont susceptibles de réaliser l'OMD numéro 1, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour. Abordant la promotion de la bonne gouvernance, ces trois organisations affirment dans leur document que le Mécanisme africain d'examen par les pairs (MAEP) de l'Union africaine (UA) et du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) commence à fournir une évaluation de bonne foi de la situation dans les pays d'Afrique et favorise les avancées en matière de gouvernance. A ce propos, il est indiqué que l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya et le Rwanda se sont déjà pliés à cet exercice. Abordant l'économie africaine en général, ce rapport, basé sur 35 pays africains passés en revue et représentant ensemble près de 87% de la population africaine et 95% de la production du continent, souligne que l'activité économique de l'Afrique a progressé de 5,7% en 2007, et elle devrait se maintenir à ce haut niveau en 2008 puis en 2009 à 5,9%. Il indique qu'entre les pays africains exportateurs et importateurs de pétrole, les taux de croissance divergent nettement en 2007 et 2008 avançant que cet écart devrait commencer à diminuer à partir de 2009. Même si la situation de la plupart des pays africains reste extrêmement favorable, certains sont toujours aux prises avec de sérieuses difficultés (Soudan, Zimbabwe, Kenya, Somalie, Tchad), autant de situations qui assombrissent leurs perspectives de croissance. Le rapport indique également que, malgré un réel fléchissement lié à la crise des crédits immobiliers à risque (subprimes) aux Etats-Unis, l'expansion mondiale persistante continue à soutenir la demande de pétrole et des autres matières premières industrielles, qui bénéficient de cours assez élevés. Ces bonnes perspectives économiques sont confortées par une augmentation significative de l'aide publique au développement (APD) à l'Afrique (sous la forme pour l'essentiel d'allégements de dette et d'aides d'urgence), par la reprise des flux d'investissements directs étrangers (IDE), mais aussi par la consolidation de la stabilité macro-économique. De plus, la croissance devrait être dopée en 2008 par l'augmentation de la production de pétrole et de minerais en Afrique australe et centrale, et par un certain recul de l'insécurité. L'inflation s'accélère toutefois dans les pays importateurs nets de pétrole. Elle est passée (sauf le Zimbabwe) à 6,7% en 2007 contre 6,3% en 2006 et 5,5% en 2005, attisée principalement par la flambée des cours du pétrole et l'augmentation du prix des denrées alimentaires. De nombreux pays ont connu une dégradation de leur balance commerciale : les excédents des grands exportateurs de pétrole et de minerais métallifères se sont réduits, tandis que plusieurs pays ont vu s'alourdir la facture de leurs importations en dépit d'une reprise des cours de certains produits agricoles (cacao, café et coton notamment). Les bénéfices exceptionnels liés aux cours des produits de base ont favorisé un redressement des finances publiques, surtout dans les économies exportatrices nettes de pétrole. Ces recettes devront être judicieusement gérées à travers une affectation d'une part substantielle à des investissements dans les infrastructures et dans le développement des ressources humaines, afin de poser les jalons d'une croissance économique diversifiée, une fois retombé l'emballement actuel du prix des matières premières. Pour les pays importateurs nets de pétrole, le problème est radicalement différent. Alors que les perspectives de croissance du PIB en 2008 et en 2009 semblent assez prometteuses, l'inflation repart, du fait d'une répercussion plus directe de l'augmentation des cours des céréales et des huiles végétales et de la hausse des produits pétroliers. Une autre grande incertitude plane sur ces perspectives : l'ampleur et la gravité du ralentissement de l'économie américaine, qui commence à gagner d'autres pays, dans la zone OCDE et ailleurs. Si l'on peut se féliciter que ce ralentissement résorbe en partie les profonds déséquilibres de l'économie mondiale, qui suscitaient ces dernières années de véritables inquiétudes, on ne peut tout à fait exclure que ce rééquilibrage s'avère erratique, avec de brusques fluctuations des taux de change qui accélèreraient le déclin actuel de la production à l'échelle planétaire et, partant, donneraient un coup de frein brutal à la demande des produits exportés par l'Afrique. Les récentes augmentations des flux d'aide ont davantage profité à l'Afrique qu'à d'autres régions, même s'ils ont pris pour l'essentiel la forme d'aide humanitaire et d'allégements de dette. Reste à savoir si cette augmentation de l'aide va se poursuivre, au-delà de la hausse conjoncturelle liée à ces allégements et à l'aide d'urgence, s'interroge le rapport. S'agissant du commerce, le rapport indique qu'en dépit de l'augmentation substantielle et récente du commerce global de l'Afrique, les échanges intra-africains restent embryonnaires (sachant qu'une grande partie du commerce transfrontalier n'est pas enregistrée, d'où une sous-estimation évidente de son ampleur réelle). Dopée par la bonne tenue persistante des cours des matières premières et une forte croissance mondiale, la valeur des exportations africaines a ainsi progressé de 21%, pour atteindre 360,9 milliards de dollars (3% des échanges mondiaux) en 2006. En 2006, le commerce intra-africain a représenté moins de 10% du total des exportations du continent, contre plus de 73% et 51% pour le commerce intra-continental respectif de l'UE et de l'Asie.