En 2010, les pays africains ont répondu avec détermination et prudence à la crise financière, en adoptant plusieurs instruments pour minimiser l'impact de la crise, notamment des mesures de relance budgétaire, l'assouplissement de la politique monétaire, l'assistance sectorielle ciblée, le contrôle des flux de capitaux et de nouvelles réglementations dans le secteur bancaire. Selon, Léonce Ndikumana, directeur du département de la recherche sur le développement de la Banque africaine de développement (BAD), a qui a accordé récemment interview accordée à l'agence de presse chinoise Xinhua, "les pays africains devraient continuer avec des politiques non-restrictives même en 2011 pour garantir une reprise soutenue de leurs économies". M. Ndikumana, qui était le chef de l'analyse macroéconomique à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique précise que de nombreux pays ont pu puiser dans leurs réserves pour atténuer le choc, ayant accru leurs dépenses publiques principalement dans le domaine des infrastructures. Selon lui, les programmes et plans de développement entrepris par certains pays africains ont fait leurs preuves. "L'Afrique a surpris tout le monde par sa résistance face à la crise financière, de nombreux pays ont même maintenu des taux de croissance positifs". L'experts de la BAD a mentionné l'impact de la crise financière mondiale sur les économies africaines, précisant que durant la période 2000-2008, l'Afrique figurait parmi les régions du monde enregistrant une forte croissance économique avec des taux atteignant 5,7%. Mais cette croissance rapide de l'Afrique a été brutalement interrompue en 2009 par la crise. A ses débuts, plusieurs économistes ont sous-estimé l'impact de la crise sur les économies africaines du fait de leur faible intégration dans le système financier international ; mais tout le monde s'est rapidement rendu compte du fait que l'Afrique ne serait pas épargnée en raison de la forte dépendance de plusieurs pays africains à la demande extérieure, aux flux de capitaux et au tourisme. L'impact de la crise sur la croissance a varié considérablement selon les pays, a-t-il noté. En Afrique, deux groupes de pays ont été fortement touchés : les marchés émergents et les pays exportateurs de ressources naturelles. Le taux de croissance du PIB du Botswana, l'une des brillantes réussites de l'Afrique, a chuté de 7,3% à -5,4% en 2009. De même, la croissance en Angola s'est effondrée passant d'un taux de 14% en 2008 à -0,6% en 2009. Pour mettre ou remettre l'Afrique sur la voie d'une croissance économique forte et soutenue dans les années à venir, l'expert de la BAD a appelé à davantage d'efforts en matière de mobilisation de ressources intérieures dans les programmes d'action, soulignant que les pays africains ne disposent pas suffisamment de ressources pour compenser pleinement les effets de la crise. Puis, pour tirer meilleur profit de la mondialisation, l'Afrique devrait faire de l'attraction des flux de capitaux privés une priorité pour le développement. "Attirer des IDE productifs pourrait permettre de stimuler la croissance, et de renforcer la productivité des activités nationales existantes, en vue de générer des retombées positives". En outre, le continent doit promouvoir l'intégration régionale, a signalé l'expert, estimant que l'intégration régionale constitue une source de résistance aux éventuelles crises qui permettra aux pays africains de diversifier leurs économies et de se prémunir contre les chocs extérieurs, tout en renforçant l'efficacité résultante des économies d'échelle.