La crise qui secoue la Fédération algérienne de handball (FAHB) a pris une nouvelle tournure au cours des dernières heures. En effet, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) s'est rallié à l'intransigeance de la Fédération internationale (IHF) qui exige l'invalidation de l'assemblée générale de la FAHB de mars dernier et par la même la non reconnaissance de Aziz Derouaz comme président de la Fédération de handball. Cette décision intervient quelques heures seulement après l'annonce, par le comité directeur de la FAHB, de la tenue d'une assemblée générale le 8 juin prochain. Le conflit IHF-FAHB prend donc une autre tournure et corse un peu plus l'avenir de Aziz Derouaz à la tête de la fédération. L'intervention du MJS pèsera lourd dans l'évolution de ce dossier. Le risque de sanctions brandi par l'IHF a fini par faire fléchir le MJS, que l'IHF n'a pas ménagé dans ses différentes correspondances ou elle l'accuse «d'ingérences» dans les affaires de la FAHB. Depuis la venue à Alger, le week-end dernier, d'une délégation de l'IHF, des conclaves ont eu lieu dans la capitale pour tenter de trouver une sortie de crise «honorable pour toutes les parties». Informés, dans la journée d'hier de ces développements, des membres du bureau fédéral ont indiqué : «Aziz Derouaz ne bougera pas de son poste. Il jouit du soutien des membres de l'assemblée générale et de la famille du handball.» Le bras de fer semble inéluctable, à moins d'un dénouement inattendu dans les prochaines heures. Tout indique à travers ce dernier épisode que le MJS a fini par se ranger derrière la position de l'IHF, après avoir validé l'élection de l'ancien sélectionneur des Verts. Réaction tardive du ministère Quels sont les mobiles de ce revirement ? Selon des acteurs du mouvement sportif national, proches du dossier, «le MJS a fini par se rendre à l'évidence que les preuves (documents) présentées par différentes parties, notamment l'IHF, attestent de manière irréfutable que la procédure qui a abouti à l'élection de Aziz Derouaz était entâchée d'irrégularités. Il ne remplissait pas certains critères», indique notre source. Comment est-ce possible que de tels dépassements puissent avoir été commis sans que personne, surtout le MJS, les détectent à temps ? C'est un chapitre qui n'ajoute rien à la gloire du handball et du sport algérien. Pour sauver (est-ce encore possible ?) la face du sport algérien devant une Fédération internationale (IHF), des voix autorisées laissent entendre que «Aziz Derouaz sera aidé s'il veut aller au tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne pour défendre son mandat». Une lubie pour faire avaler la pilule à tous ceux qui vivent difficilement le diktat de l'IHF. Le recours, par Aziz Derouaz, au TAS de Lausanne semble inéluctable. Il aura le mérite de mettre en lumière les dépassements de l'IHF. Comme celui de le déclarer person no grata, après sa suspension du collège des lecteurs de l'IHF, dont il n'a pas pris connaissance à temps pour faire appel de sa sanction. Violation de la charte olympique La Charte olympique impose à tous les CNO, fédérations internationales, associations nationales et ligues de respecter les textes qui règlementent leurs activités. La violation de la Charte olympique entraîne automatiquement des sanctions prévues par le règlement. L'IHF a enfreint la Charte olympique au moins une fois dans le dossier FAHB. Aziz Derouaz n'a pas été informé à temps de sa suspension. Pire. Pour faire «plier» l'Algérie, l'IHF a menacé de recourir à la suspension de la FAHB, si Aziz Derouaz garde le fauteuil de président. A travers cette menace, l'IHF brandit le spectre de la suspension des athlètes algériens de toutes compétitions internationales. L'article 5 de la Charte olympique (droits et discrimination) ainsi qu'un cas de jurisprudence en volley-ball mettront à mal l'IHF, si d'aventure l'actuelle composante de l'assemblée générale soutiendrait à fond son président dans sa volonté de recourir au TAS de Lausanne. sortie de crise ? L'IHF, si soucieuse du respect des textes, serait bien génée si le TAS de Lausanne lui demandait pourquoi n'a-t-elle pas réagi lorsqu'une décision du TAS algérien n'a pas été appliquée par la Fédération algérienne de handball au lendemain du changement du système de compétition (il y a deux ans). Pourtant, le CIO, les CNO, les fédérations internationales, les associations nationales et leurs ligues reconnaissent, dans leurs statuts, la compétence du TAS comme juridiction dont les décisions ont un poids égal à celui des autres commissions juridictionnelles. Leurs décisions sont exécutoires. Les membres de la famille du handball algérien sont donc appelés à favoriser une sortie de crise qui ne pénalise pas la discipline, tout en défendant le principe de l'autonomie que des instances internationales actionnent à deux vitesses.