Le film traite particulièrement de la situation des berberophones qui font face à une école «qui les ignore» dans leur pays. Yidir, du talentueux et prometteur réalisateur algérien, Tahar Houchi, actuellement établi en Suisse, figure parmi les 20 films retenus dans le cadre du Festival international du film documentaire et du court métrage d'El Ismaïlia (Egypte), qui a débuté hier. Yidir, une fiction de 15 minutes (2012) évoque le premier jour d'école d'un enfant confronté à une langue qui lui est étrangère. Le film traite particulièrement de la situation des berberophones qui font face à une école «qui les ignore» dans leur pays. Dans le film, Jugurtha, militant incarcéré, interdit à Yidir, son fils de 11 ans, de fréquenter l'école. La grand-mère décide d'outrepasser la décision de Jugurtha et envoie Yidir suivre ses études. Dans une déclaration à El Watan, Tahar Houchi a indiqué que «Yidir est un film pédagogique qui veut poser la problématique des conditions idéales pour l'acquisition du savoir à l'école». Le réalisateur a précisé en outre que son court métrage, bien qu'inspiré d'une histoire vraie, n'est pas limité à un pays, mais, a-t-il dit, «il s'agit d'une histoire de beaucoup d'enfants de par le monde, qui sont confrontés à l'école à une langue qui est différente de la leur, c'est-à-dire celle parlée à la maison». C'est ce qui se produit particulièrement, a-t-il souligné, «dans les Etats jacobins et centralisés qui ont essayé de réaliser une unité nationale dans l'uniformité». «Cela les a amenés à réprimer, violenter et traumatiser les enfants issus des minorités, en leur interdisant de parler leurs langues maternelles respectives et d'exprimer ainsi leurs émotions. Cette coupure affective conduit à l'effacement d'une partie de la personnalité et à un endoctrinement aux conséquences incalculables sur les femmes et hommes en devenir», fait encore remarquer M. Houchi. Et d'ajouter : «Malgré la violence policière et la violence symbolique des appareils répressifs de l'Etat, dont l'école est l'un des plus puissants, les enfants résistent, les adultes luttent et les libertés triomphent.» Le film avait, rappelle-t-on, remporté en octobre dernier le Prix du meilleur film court métrage lors de la 6e édition du Festival international du film amazigh à Agadir. Les membres du jury ont mis en valeur la thématique traitée dans le film, l'aspect technique et surtout la participation de plusieurs acteurs, algériens et marocains. Le film avait été également projeté, en mars dernier, à Tizi Ouzou, à l'occasion de la 12e édition du Festival du film amazigh, ainsi qu'au Festival du film oriental de Genève (Fifog).