Les employés de trois entreprises de catering, qui gèrent la restauration, se sont mis en grève et réclament l'application d'un décret du Premier ministère portant sur la rémunération. La grève des employés de trois sociétés de catering (sous-traitance) sur le site de Sonatrach, à Hassi R'mel, se poursuit. Les travailleurs revendiquent l'application d'un décret du Premier ministère, daté du 11 mars dernier, que les multinationales ne veulent pas mettre en œuvre. L'exploitation, voire l'esclavage, est dénoncé. «Des employés de trois entreprises de catering – Cieptal Catering Algérie, Bayat Catering SPA et Saha – sous-traitants qui gèrent la restauration, se sont mis en grève depuis une semaine pour réclamer l'application d'un décret du Premier ministère portant sur la rémunération. Jusqu'à présent, 20% seulement de ce que verse Sonatrach aux sous-traitants sont reversés aux travailleurs. Le décret précise que «les firmes de catering qui gèrent l'emploi sur les sites de Sonatrach – ce qui concernerait aussi toutes les multinationales en activité dans la région, comme Hassi Messaoud – devront verser 80% de ce qu'elles perçoivent», explique le Comité de soutien au syndicalisme autonome algérien (CISA) dans un communiqué rendu public hier. Le Comité rappelle que «le salaire moyen équivaut à peu près à 170 euros pour ces employés, ce qui, compte tenu des conditions de travail très difficiles dans la région et du coût de la vie dans le pays, s'avère relever de la pure et simple exploitation». Dans la foulée, décrit le CISA, «les sociétés de sous-traitance ont essayé de briser le mouvement en envoyant un avion puis deux bus de travailleurs venant du site de Hassi Messaoud pour remplacer les grévistes. Il s'agit d'une centaine de personnes qui n'avaient pas été averties de la situation. Sur place, elles ont décidé de soutenir le mouvement et ont refusé de remplacer leurs collègues grévistes. La direction de Sonatrach a donné l'ordre à son service de sécurité de refuser toute sortie du site, ce qui est illégal. Le site est actuellement bouclé avec des barrages de police qui contrôlent les allées et venues». Et de dénoncer : «Les acteurs du mouvement subissent de multiples pressions de la part de leur direction et des autorités locales. La direction de Sonatrach garde le silence et ne dialogue plus avec les grévistes, jouant l'usure du mouvement.» Le CISA ajoute que le décret concerne des centaines de milliers de travailleurs. «L'enjeu est donc économique et politique, dans un pays où l'essentiel des richesses est accaparé par la minorité au pouvoir», observe le CISA. De son côté, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, via son bureau de Laghouat, rappelle dans un communiqué publié hier qu'«une réunion s'est tenue au siège de la daïra de Hassi R'mel entre les travailleurs, les représentants des 3 sociétés et les représentants de l'Etat». «Réunion durant laquelle un PV fut signé, comportant l'engagement des sociétés à satisfaire les revendications des travailleurs qui portaient sur le régime indemnitaire, l'augmentation des salaires, la création d'une section syndicale et l'organisation du travail. Des engagements qui n'ont jusqu'à présent pas été mis en œuvre», est-il écrit. La Laddh dénonce en outre «une violation manifeste du droit à la grève», tout comme «le comportement des autorités de la wilaya de Laghouat qui, au lieu d'être les garants de la mise en œuvre des engagements, prennent le parti des sociétés de catering au détriment des droits des travailleurs».