Une véritable anarchie urbanistique règne dans la ville, où les barons de l'immobilier ont fait main basse sur tous les espaces vides, dans l'impunité totale, et avec la complicité de certains fondés de pouvoir. L'annonce de déclenchement des enquêtes par le DRS sur les walis a été bien accueillie par les habitants de la wilaya de Annaba. Ils se sentent concernés par cette louable démarche car la situation générale dans la wilaya continue à se dégrader à telle enseigne qu'une explosion sociale est à craindre. Parallèlement, les pouvoirs locaux s'affairent à profiter de leur pouvoir non sans faire bénéficier des barons locaux et les proches des généraux résidant dans cette wilaya, devenue par la force des choses la capitale de la corruption. En effet, de puissants barons spécialisés dans la promotion immobilière ont fait main basse sur le Calpiref dont la vocation initiale est le développement économique de la région. Loin s'en faut. Ayant pignon sur rue, ils ont pu s'accaparer les quelques rares espaces qui aèrent encore Annaba, étouffant ainsi les riverains qui, impuissants, voient leur ville sombrer dans le désordre et l'anarchie urbanistique. Ainsi, ils se sont accaparé tous les espaces vides de la ville et se sont orientés actuellement vers les zones humides à la sortie ouest. Bien que protégées, plusieurs de ses parties ont été attribuées, toujours dans le cadre du Calpiref. Et les bénéficiaires sont également connus par la population de par leur influence et leur appartenance à une caste jouissant de l'impunité totale. Un autre proche d'un général en poste a eu également l'accord d'un projet de station de service sur un terrain sous lequel passe la conduite principale d'eau potable qui alimente Annaba. Actuellement, les convoitises se multiplient pour décrocher un lot face au parc d'attractions de Sidi Achour, abritant la base vie des Chinois. «Les enquêteurs du DRS qui s'affairent actuellement à réaliser des enquêtes sur les walis et les hauts responsables doivent saisir les hautes instances pour empêcher ces pratiques illégales. Nous attendons pour voir les conclusions et les mesures prises en conséquence», s'interrogent des habitants de Annaba. Le député Tliba Baheddine qui se targue toujours de ses liens étroits avec Dahou Ould Kabilia et le wali de Annaba, en est le parfait exemple qui renseigne sur le climat malsain et d'affairismes qui caractérise la wilaya. Ce jeune homme originaire de Oued Souf fait la pluie et le beau temps de par ses relations avec la haute sphère civile et militaire. En moins de trois années il eu plusieurs projets «offerts» par le Calpiref. Ils sont tous dans la promotion immobilière dont l'un est sur un rond-point d'une voie express. Du jamais vu. Un autre cas édifiant dont le promoteur n'a pas trouvé mieux que de construire à la limite du plus vieux cimetière de la ville, avec l'accord de la wilaya qui n'en a cure de la sacralité des lieux, encore moins de l'avis des riverains. En 2012, ce sont 33 lots de terrain à bâtir qui ont été attribués de gré à gré à des personnalités haut placées par l'ex-directeur de l'agence foncière de la wilaya, avant qu'il revienne sur sa décision après l'ouverture d'une enquête de la police. Parti à la retraite, ce dernier n'a pas été inquiété outre mesure. Trente lots sur les 33, objets de présumées transactions douteuses, sont situés sur le site de Sidi Aïssa II, une région féerique surplombant les zones vierges, promises jusque-là, à une zone d'expansion touristique (ZET). Pis encore, le prix du mètre carré aurait été cédé au dinar symbolique. Ce qui a fait réagir des experts en la matière, lesquels estiment que ce prix est cinq fois moins cher que celui appliqué dans une zone rurale. «Peu importe, pourvu que les généraux et les barons soient contents du wali de Annaba. Quant à la population, elle continue à sombrer dans le chômage qui frappe de plein fouet ses jeunes. Mais on ne choisit pas nos parents sinon on aurait profité de la situation comme que ceux que tout le monde connaît à Annaba», tonnent des jeunes chômeurs rencontrés devant le siège de la wilaya. En effet, décrocher un emploi à Annaba relève du martyr. La galère est perceptible sur les visages des jeunes chômeurs qui prennent quotidiennement d'assaut les différentes agences de l'emploi où chacun aurait déposé au moins cinq dossiers de demande d'emploi. «Il faut verser de la chippa pour espérer être retenu sinon des coups de pouce d'un baron bien introduit», estiment plusieurs d'autres chômeurs devant l'agence d'emploi de la ville. Le logement est un autre problème. Des milliers d'attributaires attendent depuis plus d'une année l'accès à leur nouveau toit. Ainsi, les investigateurs du DRS ont du pain sur la planche, et si cette enquête est engagée sans interférence, plusieurs têtes tomberont au grand bonheur des citoyens annabis avides de justice sociale.