Le docteur Jacques Robin est connu pour être sur la place de Lyon une figure marquante de la chirurgie cardiothoracique, où l'on reconnaît en lui non seulement ses grandes compétences professionnelles, mais également son engagement dans l'humanitaire. Chaque année, une trentaine d'enfants sont pris en charge et opérés par son équipe. -Parlez-nous du système utilisé pour opérer les deux patientes. Ce système s'appelle Epicor et c'est une technologie qui fait appel à des ultrasons de haute intensité, dont la finalité est de détruire les tissus électriques anormaux situés à l'intérieur des oreillettes, notamment dans l'oreillette gauche, et qui seraient directement responsables de cette fibrillation. Il faut savoir que grâce à ce système, on enregistre une baisse sensible des risques hémorragiques et des troubles thrombo-embolliques, et ce, tout en diminuant la durée de l'intervention -La fibrillation auriculaire est-elle une maladie fréquente ? La fibrillation auriculaire est une maladie relativement fréquente, notamment chez les malades souffrant de pathologies des valves cardiaques ; ces derniers ressentant souvent des arythmies associées, sources de multiples complications et notamment d'embolies cérébrales (AVC) ou de saignements liés à la prise d'un traitement anticoagulant. Dans le contexte de la chirurgie des valves mitrales ou aortiques, on peut donc être amenés à traiter dans le même temps cette arythmie pour justement éviter ces complications imputées généralement à la formation de caillots à l'intérieur de l'oreillette affectée qui ne se contracte plus normalement et de fait fibrille, et à ce moment-là, le sang va stagner dans l'oreillette où des caillots peuvent se former avant de se détacher et déclencher un AVC. -Depuis quand date ce système dit Epicor ? Il faut savoir avant tout que dans les années 1980, un chirurgien américain, appelé James Cock, avait déjà, à l'époque, développé une technique consistant à ouvrir les oreillettes droite et gauche et réaliser des incisions de la paroi de l'oreillette pour couper justement ces tissus électriques anormaux. C'était à cette période une opération très compliquée mais progressivement, les chirurgiens ont développé différentes sources d'énergie pour réaliser la même opération, mais sans avoir besoin de sectionner l'oreillette. Depuis, de nouveaux procédés ont été développés, en particulier la cryothérapie qui consiste à utiliser le froid, la radiofréquence qui est toujours utilisée et plus récemment ont été développées ces fameuses sources d'énergies à base d'ultrasons particuliers qu'on a utilisés aujourd'hui au niveau des valves mitrales des deux patientes qui ont, par ailleurs, très bien supporté l'intervention, notamment la plus âgée qui a récupéré beaucoup plus vite que sa cadette. -Quand cette nouvelle source d'énergie a-t-elle été développée ? Ce système dit Epicor a été développé dès l'année 2000 avec la notion que les ultrasons étaient en mesure de traiter efficacement l'arythmie auriculaire. Une première étude prospective en direction de 103 malades a d'abord été menée en Europe dans différents hôpitaux pour mesurer la fiabilité de ce système et les résultats obtenus ont été probants à hauteur de 86%, sur une période de 6 mois. Une seconde étude menée quelques années après aux USA a révélé également des résultats concluants. Dès lors, le système a été largement commercialisé par la société St Jude Médical.