Dans son édition d'hier, le journal affirme que le frère cadet du Président outrepasse ses prérogatives de conseiller pour s'ériger en véritable décideur en ces temps troubles que traverse le pays. L'absence d'information officielle sur le président Abdelaziz Bouteflika commence à agacer. Personne ne sait s'il est rentré ou s'il séjourne toujours aux Invalides, à Paris. La presse scrute le moindre indice de l'évolution de son état de santé et du lieu où il peut bien être en ce moment. Hier, c'est notre confrère Le Soir d'Algérie qui se demandait si le Président était à Alger en donnant des informations sur ses frères – Nacer aperçu au quartier huppé de Sidi Yahia à Hydra, sur les hauteurs de la capitale, et Saïd qui a repris «ses rencontres mondaines». Autant de signes qui poussent à l'interrogation sur l'évolution de la maladie du chef de l'Etat et surtout l'impasse où se trouve l'Algérie, à la veille d'une élection présidentielle qui s'annonce pas comme les autres. «Coup d'état» L'enjeu, centré sur la succession au palais d'El Mouradia, est de taille. La maladie de Bouteflika et la communication qui s'est articulée tout autour depuis son évacuation à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce s'imposent comme l'événement politique le plus important, mais le plus compliqué aussi à quelques mois seulement de l'élection présidentielle prévue pour avril 2014. Sur cet aspect, c'est incontestablement le quotidien Mon Journal de Hichem Aboud, «exilé» à Paris, qui traite de la problématique, du moins pose les vrais questionnements et apporte quelques informations chuchotées dans le microcosme algérois et quelques initiés aux coulisses du pouvoir. Le journal, dans son édition d'hier, a mis le pied à l'étrier en abordant, sous la plume dans son directeur de la publication, les questions qui s'imposent et les lectures plausibles des événements. Le titre de l'article est explosif : «Le coup d'Etat de Saïd Bouteflika». Le texte ne l'est pas moins. «En maintenant le président de la République en France, il (Saïd Bouteflika) se permet de le mettre à l'abri des regards des responsables algériens.» Ainsi, ajoute Hichem Aboud, «depuis le 27 avril dernier, date de l'hospitalisation du Président, pas un seul responsable n'a pu avoir l'occasion de se rendre à son chevet». «Pourtant, explique-t-il, il est en convalescence après avoir quitté le Val-de-Grâce et un convalescent peut bien recevoir des visiteurs.» Le directeur de Mon Journal, ancien officier du Département du renseignement et de la sécurité, pense qu'il est anormal qu'un chef d'Etat, dont on dit qu'il n'est pas malade, juste convalescent, ne donne pas le moindre signe de vie à ses plus proches collaborateurs. Le journaliste, qui cite des sources dignes de foi, indique que même sa garde rapprochée n'a pas le droit de le voir. De peur qu'elle ne transmette l'information sur son état de santé à ses chefs hiérarchiques. Un conseiller aux supers pouvoirs Qui fait barrage pour interdire aux hauts responsables de l'Etat de voir le Président et s'assurer de visu de son état de santé, s'interroge le directeur de Mon Journal, qui souligne que ce ne sont pas les médecins français qui le traitent, ce n'est pas non plus un membre de la hiérarchie militaire. Pour lui, «c'est tout simplement Saïd Bouteflika qui n'a pour toute fonction que celle de conseiller». Plus loin, Hichem Aboud note que «les services de renseignement français ont toutes les données». Ce qui, selon lui, n'est pas le cas de leurs homologues algériens. Pour l'auteur de l'article, Saïd Bouteflika contrôle tout en imposant un black-out sur l'information concernant la maladie du chef de l'Etat. Hichem Aboud considère que le frère cadet du Président «a fait un coup d'Etat». Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, dans une déclaration à Mon Journal, n'en pense pas moins. Selon lui, «l'Algérie est gérée par des personnes qui ne pensent pas aux intérêts de l'Etat ni à celui des citoyens». Il pense que depuis l'hospitalisation de Bouteflika, «toutes les institutions sont bloquées». Réclamant la mise en application de l'article 88 de la Constitution, Soufiane Djilali affirme que «l'Etat algérien est devenu otage d'une personne qui ne représente aucune institution officielle et cette personne a opéré un véritable coup d'Etat à partir de Paris en exerçant une opacité complète sur le dossier de santé du Président». «Cette situation, dit-il, peut faire dériver le pays.»