La communication institutionnelle connaît un déficit. C'est le constat soulevé hier lors d'un séminaire consacré à ce thème. Cette rencontre coïncide avec la débâcle de la communication étatique, notamment depuis la prise d'otages de Tiguentourine et la maladie du chef de l'Etat, hospitalisé depuis le 27 avril dernier au Val-de-Grâce puis aux Invalides à Paris. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal maintient la version officielle : «Le président de la République se porte mieux.» Lors de son allocution à l'ouverture des travaux du séminaire, il affirme que «la presse doit cesser de se focaliser sur la santé du président Abdelaziz Bouteflika». Et d'ajouter : «Nous n'avons rien à cacher et n'avons pas à avoir peur. Les responsables doivent travailler en toute transparence et déclarer à la presse ce qu'ils ont comme informations.» Une déclaration, somme toute, énigmatique qui peut sonner comme une invitation aux responsables pour communiquer. Dans le même sillage, M. Sellal dit que «certains présidents se soignent en France des semaines et des semaines sans que personne n'en parle». Il répond de manière indirecte à quelques titres de la presse. Il affirme que «nous sommes arrivés à un stade où même l'information officielle est démentie», visiblement excédé par le droit légitime des Algériens à savoir la vérité sur la santé du Président. Les autorités n'ont jamais fourni d'efforts pour mieux communiquer sur l'état de santé de Bouteflika, laissant au passage le champ libre à la presse, outre-Méditerranée, pour informer à partir de Paris l'opinion nationale. Rappelons dans ce cadre que les citoyens algériens ont appris le survol de leur espace aérien par les avions militaires français se dirigeant vers le Mali par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français. Le pouvoir ne communique pas. Cela fait partie de sa ligne de conduite. L'opacité. Les participants à ce séminaire apporteront-ils des recommandations concrètes ? Les médias sociaux semblent surpasser la propagande de la communication officielle. Cinq ateliers ont été mis en place pour débattre de la fonction, les formes et le financement, ainsi que des chargés de communication des institutions publiques. Un autre chapitre concerne la gestion de la communication, Dans son court discours, Abdelmalek Sellal a appelé les institutions à faciliter l'accès des journalistes à la bonne information pour lutter contre la rumeur. Celle-ci est, selon lui, capable de détruire toute la société. Là aussi, les journalistes ne doivent pas s'exciter lorsqu'un officiel promet. Pour sa part, Mohamed Saïd, ex-opposant au régime entré dans le sérail depuis sa nomination au poste de ministre de la Communication, indique que «la communication institutionnelle dans notre pays trébuche et a besoin d'être organisée et relancée».