Un représentant de l'ONU sur les droits de l'homme en Palestine, Richard Falk, a dénoncé hier «46 années de déni des droits palestiniens» et demandé au Conseil des droits de l'homme de l'ONU une enquête sur les milliers de Palestiniens détenus ou incarcérés par Israël. Dans son dernier rapport présenté au Conseil, le représentant onusien et ancien professeur de droit international, a dénoncé «46 années de déni des droits palestiniens», relevant que «l'occupation de la Palestine a permis l'annexion continue par Israël des ressources et territoires palestiniens». M. Falk a recommandé au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou à une commission d'enquête composée d'experts compétents en droit international de se réunir pour examiner la question de l'occupation prolongée et d'élaborer une convention à ce sujet. Il demande également l'arrêt du blocus de la bande de Ghaza. «Avec 70% de la population qui dépend de l'aide internationale (...), des changements radicaux et urgents sont nécessaires pour que les Palestiniens à Ghaza puissent voir leurs droits protégés», a-t-il jugé. Par ailleurs, M. Falk a appelé la communauté internationale à enquêter sur les multiples atteintes perpétrées par Israël contre les milliers de Palestiniens détenus ou incarcérés. «Environ 750 000 Palestiniens ont été détenus depuis 1967 et 5000 d'entre eux sont actuellement incarcérés par Israël», a-t-il indiqué. «Le traitement de milliers de Palestiniens détenus par Israël continue d'être extrêmement préoccupant», a déclaré le représentant, citant les arrestations de nuit, les détentions arbitraires, les actes des torture et autres traitements inhumains et humiliants, le déni d'accès à une représentation juridique ou encore le transfert illégal de Palestiniens vers des prisons situées en Israël. John Kerry reporte sa visite Le représentant palestinien au Conseil onusien des droits de l'homme a demandé à la communauté internationale de mettre en œuvre les conclusions du rapport. Israël a, rappelle-t-on, coupé les ponts avec le Conseil des droits de l'homme de l'ONU lorsque celui-ci a décidé en mars 2012 de lancer la première enquête internationale indépendante sur les conséquences des implantations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Une enquête dont les résultats sont restés lettre morte. Israël assimile d'ailleurs le silence de la communauté internationale concernant les violations massives et systématiques des droits de l'homme en Palestine à un permis de tuer. La preuve : hier encore, un agriculteur palestinien a été grièvement blessé dans le sud de la bande de Ghaza par des tirs israéliens près de la frontière. Le rapport de Richard Falk intervient à un moment où la communauté internationale peine par ailleurs à relancer le processus de paix au Proche-Orient. Une visite attendue cette semaine au Proche-Orient du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, destinée à relancer les négociations entre Palestiniens et Israéliens a été reportée. Un quotidien israélien, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, rapporte que M. Kerry devait arriver mardi (aujourd'hui, ndlr), mais croit savoir qu'il a différé sa visite «pour donner davantage de temps» au président palestinien Mahmoud Abbas pour renoncer à son exigence d'un gel de la colonisation. Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al Malki avait affirmé le 3 juin que le chef de la diplomatie américaine serait «de retour dans la région les 13, 14 et 15 du mois». La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations de paix un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. Benjamin Netanyahu appelle de son côté à des négociations immédiates sans «conditions préalables», en allusion à ces revendications qu'il récuse. En un mot, les Israéliens qui ont déjà «absorbé» l'essentiel des territoires palestiniens ne veulent pas de vraies négociations ou d'une paix durable.